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ville, ont été frappes sans doute de la facilité qu’on aurait d’en faire un séjour agréable pour les habitans comme pour les étrangers. La vérité est que Smyrne pourrait devenir la plus belle ville du monde si on le voulait ; mais personne ne l’a voulu jusqu’ici. Elle aurait pu avoir d’abord un quai magnifique ; l’administration turque n’y a jamais songé. Cette administration permet aux particuliers, moyennant un certain droit, de bâtir sur le bord de la mer ; elle vend même la partie du rivage qui est encore couverte par les flots ; ainsi la mer recule devant les édifices nouveaux, sans que la ville y gagne rien pour la salubrité de l’air, ni pour la perspective, ni pour la commodité de la navigation. Il ne faut donc chercher à Smyrne que les beautés de son climat et les merveilles de sa position maritime et commerciale, enfin ce que la négligence ou la barbarie des Turcs n’a pu lui ôter.

Dans plusieurs quartiers de la ville basse, règne une grande activité. J’ai remarqué avec plaisir que tout le monde y paraissait occupé : je n’ai vu nulle part une plus grande quantité de boutiques ; j’admire surtout combien il faut peu de place aux marchands de ce pays. Un enfoncement dans un mur, un banc de pierre ou de bois, avec un espace de trois ou quatre pieds tout au plus, en voilà assez pour contenir un Turc, un Grec ou un Juif avec ses marchandises. On peut dire que chacun de ces petits marchands n’occupe pas plus d’es-