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seizième siècle, elle fut le partage des rois d’Arragon, et dans le siècle dernier elle devint la possession des ducs de Savoie. La Sardaigne donna à ses nouveaux maîtres le titre de rois ; ils lui donnèrent en échange de sages institutions. En 1792, une flotte et une armée française où se trouvait le jeune Bonaparte, se présentèrent devant ses côtes, mais l’île fut défendue par la tempête et par le courage de ses habitans. Plus tard, lorsque les révolutions troublaient l’Italie et que la guerre désolait toute l’Europe, la Sardaigne resta dans une paix profonde ; et, protégée par la présence de son roi, elle conserva ses mœurs, ses lois et ses libertés[1].

Dans la nuit du 28 au 29, sous un vent toujours propice, nous avons laissé bien loin derrière nous la Sardaigne et la Corse. Le 29, au lever du jour, nous étions déjà à cent lieues de Toulon. Nous voguions sur une mer tranquille, et nous cherchions des yeux les monts voisins de l’embouchure du Tibre, les côtes de Terracine, la cime enflammée du Vésuve, les beaux rivages de Naples, l’île si célèbre par le séjour de Tibère ; les rives des Amalfitains qui, les premiers, connurent au moyen-âge les chemins de Jérusalem ; Salerne, dont le vin

  1. Pour connaître la Sardaigne, il faut lire l’excellente histoire de M. Mimaut, ancien consul de Sardaigne, et maintenant consul de France à Alexandrie en Égypte.