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Entrainés par un vent rapide, nous avions à peine le temps de reconnaitre toutes ces côtes si riches de végétation et surtout fécondes en souvenirs historiques, et les tableaux se multipliaient sans cesse autour de nous. Au coucher du soleil, nous n’étions plus qu’à deux lieues de Smyrne. Nos regards distinguaient facilement la haute citadelle du mont Pagus ; les minarets de la ville, les cyprès qui ombragent ses cimetières nous annonçaient l’approche d’une cité musulmane. Une forêt de mat, des bâtimens de guerre, des pavillons de toutes les nations, nous annoncaient en même temps que nous étions dans ta rade la plus fréquentée de l’Orient. L’Imbat, qui souffle chaque jour sur cette terre et qui rafraîchit une rive brulée par les faux de l’été, enflait les voiles du Loiret, et nous filions dix nœuds par heure ; mais, selon la coutume, l’Imbat est tombé avec la nuit, et le calme qui nous a surpris, nous a empêchés de débarquer au gré de notre impatience. Nous avons passé la nuit à bord du Loiret qui a mouillé à plus de deux milles du rivage.

Ce matin, dès que le jour a paru, nous étions sur le pont ; je voulais voir ce beau soleil d’Ionie que je ne connaissais encore que par la description des poètes, et cette ville de Smyrne que les voyageurs nous représentent comme une ville européenne au milieu des Turcs. Les maisons de Smyrne dont les terrasses se rapprochent et se confondent,