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n’avons pu voir ses ruines ; son nom seul rappelle aussi d’affreux désastres. Ainsi dans toutes ces Iles, sur toutes ces côtes que nous voyions, il est tombé quelque calamité, et les images sanglantes des temps présens viennent partout remplacer dans l’âme du voyageur attristé les souvenirs rians, les poétiques images des temps antiques.

Le 17 au matin, e vent nous poussait vers les rivages d’Ionie ; nous avions devant nous, d’un coté, le cap Cara-Bournou ou le cap Noir, de l’autre, les bords ou s’élevait l’antique Phocée. Le bourg de Foilleri, bâti au fond d’un havre, nous a indiqué l’emplacement de la cité de Leuce ; les îlots qui l’environnent sont les rochers Myrmèces ou Fourmis dont Pline a parlé. Plus loin, en descendant le golfe, nous avons vu de grandes javelles de sel semblables à des pyramides, brillant sous le soleil comme du marbre ou de la neige. À notre gauche, s’étendaient les plaines de l’Hermus, et nos marins nous signalaient les bancs de sable qui entourent l’embouchure du fleuve, et qui sont comme autant d’écueils. Sur l’autre côte du golfe, Vourla et ses moulins à vent, les petites îles des Lapins, les rivages dé Clazomène, d’Érythrée et de Théos s’enfuyaient derrière nous, et devant nous se montrait la cime du mont Mimas. Nous avons passé à peu de distance du château de Sangiac, ses murailles blanches nous présentaient un contraste pittoresque avec la verdure des bois d’alentour.