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oublié sa patrie, et ce souvenir lui revenait sans cesse, lorsque sa hautesse était auprès d’elle dans ce temps-là, comme dans des temps moins éloignés de nous, les femmes du sérail exerçaient une grande influence sur la nomination du gouvernement des provinces ; l’ambition des pachas s’adressait au Kislar-aga, soit pour obtenir le gouvernement des pays conquis, soit pour acheter l’impunité de leurs vexations. Basilia pensa que si le Kislar-aga possédait lui-même la ville d’Athènes, il ne vendrait pas à d’autres le droit de la dépouiller, et qu’elle se trouverait par là plus ménagée, mieux protégée que les autres. Comme le sultan la pressait un jour de lui demander une grâce, elle lui dit « Je n’ai plus besoin de rien pour moi, et je ne connais personne dans votre empire à qui je puisse donner quelque chose que le Kislar-aga que voilà ; je ne puis rien demander pour lui que la ville où je suis née ; donnez-lui le revenu d’Athènes et qu’il y envoye des Kiaias ou lieutenans qui n’abusent point de votre autorité, comme on l’a fait jusqu’ici. » Ce que demandait Basilia lui fut accordé, et la ville d’Athènes devint le domaine du chef des eunuques noirs.

Les voyageurs ont souvent exprimé leur surprise de voir la ville de Thésée gouvernée par le Kislar-aga ; mais il ne faut pas oublier qu’il n’est plus question de la gloire d’Athènes, mais seulement des tristes privilèges de la servitude ; je ne vous dirai