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tans et les ruines d’une ville qui lui inspirait une sorte de respect, et qu’appelait la ville des philosophes. Soumise aux osmanlis, Athènes tomba dans l’oubli, et cette reine des cités resta au milieu de ses ruines désertes comme une captive abandonnée. Toutefois sa servitude fut plus supportable que celle de beaucoup d’autres cités de la Grèce ou de l’Asie. On ne cessa jamais d’y parler là langue grecque, qui devint même la langue des vainqueurs ; la population grecque avait conservé quelques-uns de ses priviléges, les impôts étaient modérés les chrétiens pouvaient s’y livrer en paix à l’exercice de leur culte.

Vous savez sans doute que la ville d’Athènes avait été donnée au Kislar-aga et que le chef des eunuques noirs se trouvait ainsi le successeur de la Roche et de Gauthier de Brienne. Voici comment les Grecs d’Athènes racontaient le fait, du temps de Laguilletière qui le rapporte lui-même d’après ce qu’il avait entendu dire sur les lieux. Une jeune Athénienne, nommée Basilia, fut enlevée à sa famille par des officiers turcs qui levaient la taxe des enfans. Sa mère, fondant en larmes et la prenant entre ses bras, la conjura de se souvenir toujours de sa religion et des misères de son pays. Elle fut conduite au sérail du grand seigneur, et, comme elle était, d’une grande beauté, le sultan ne manqua pas d’en être vivement épris la pauvre Athénienne n’avait point