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préparer une salle à quatre cents députés. Vous venez de voir qu’on n’en faisait pas tant à Athènes pour l’Aréopage. Je ne crois pas non plus qu’on prît tant de soins et qu’on dépensât tant d’argent pour orner la tribune où parlait Démosthènes, et pour loger une assemblée qui se composait quelquefois de six mille citoyens.

Ceux qui veulent connaître l’esprit d’une véritable démocratie, n’ont qu’à se reporter par la pensée aux assemblées du Pnix. Là, le rêve de la souveraineté du peuple a pu avoir une fois quelque réalité ; et c’est par l’exercice absolu de la souveraineté populaire que périt la grandeur d’Athènes. Les passions animaient l’assemblée nombreuse du Pnix, et la tribune était leur interprète. On pourrait comparer les orateurs d’Athènes à ces harpes éoliennes qu’on suspend, dans les lieux élevés, et dont les sons harmonieux sont produits par la tempête. Dans ces assemblées publiques, le peuple et les orateurs se corrompaient mutuellement, et cette corruption s’introduisait chaque jour dans les lois ; souvent on délibérait lorsqu’on devait agir ; on parlait lorsque le salut de l’état commandait le silence ; aussi, Philippe de Macédoine comparait-il les Athéniens à ces figures d’Hermès auxquelles on ne voyait qu’une bouche et une langue. Toutefois il est restée de ces assemblée une chose qui ne périra point, ce sont les modèles les plus parfaits de l’éloquence, modèles que n’ont point égalés les