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vie à dire et à demander quelque chose de nouveau, l’annonce d’un Dieu crucifié devait être une bien grande nouvelle. Il ne s’agissait plus de savoir si Philippe était malade, mais si Dieu était mort ; s’il était ressuscité, si le genre humain devait ressusciter un jour. « Nous vous entendrons une autre fois sur ce point », lui répondirent-ils ; car jamais les orateurs du Pnix n’avaient dit au peuple d’aussi grandes merveilles. Relisez, mon cher ami, le discours entier de saint Paul ; arrêtez-vous surtout aux passages où l’apôtre s’élève contre les dieux sortis de la main de Phidias et de Praxitelle, et rappelez-vous que ces paroles étaient prononcées dans une ville où chaque pierre était un autel, un monument religieux, où les chefs-d’œuvre des arts étaient comme autant de miracles qui entretenaient la croyance et réchauffaient l’enthousiasme de la multitude ; rappelez-vous, dis-je, que saint Paul parlait ainsi au milieu d’une grande et magnifique cité, où il était plus facile de rencontrer un dieu qu’un homme ; où il y avait plus de dieux qu’on n’en comptait dans tout l’Olympe ; où les monumens élevés à tous ces dieux étaient la gloire et comme la vie d’un peuple superstitieux et ami des arts.

Au-bas de la colline de l’Aréopage nous avons visité l’endroit que les anciens appelaient le creux, ou le Pnix. C’est le fond de la vallée située entre la montagne du Parthénon et la colline de Musée.