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minels. Il est possible que Socrate ait eu pour prison l’édifice qui n’existe plus, et dont on ne peut juger les dimensions. Au reste, il faut s’étonner ici quelles disciples de Socrate, si pleins de respect pour sa mémoire, et si affligés de sa perte, ne nous aient rien laissé pour éclaircir nos doutes, et que nous ne puissions, dans le même lieu où ils étaient assemblés pour le voir mourir, assister avec eux à ses derniers momens. Quels tableaux touchans l’histoire nous a transmis ! quels souvenirs que ceux du Phédon ! je ne puis y arrêter ma pensée sans être attendri ; mais nous avons vu dans Je temps où nous sommes tant de victimes de l’injustice des hommes, tant de martyrs de la vertu et de la sagesse, qu’il nous faut bien garder une partie de nos douleurs pour les infortunés contemporaines. Je pourrais faire une comparaison qui ne serait pas tout à fait à l’avantage des temps modernes ; car dans ces temps malheureux, les passions qui donnent la mort, qu’irrite l’aspect de la vertu, se sont montrées plus brutales et plus cruelles qu’au, temps de Melite et d’Anitus. Quel est, en effet, parmi nous le proscrit à qui on ait accordé la permission de passer ses derniers momens avec ceux qui lui étaient chers ? Avez-vous jamais entendu dire que les bourreaux aient consenti à attendre le coucher du soleil pour exécuter la sentence fatale ? Dites-moi s’il s’est trouvé un geôlier qui ait sollicité l’amitié d’un captif allant a la mort, et qui lui ait demandé