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pieds, sur les ruines de l’Agora et du Bazar ; dans cette confusion de toutes les gloires et de toutes les misères, parmi ces dépouilles de tous les âges, je reviendrais pleurer sur la grandeur éclipsée des anciens et sur les malheurs des temps modernes.

Nous avons traversé la vallée de l’Illissus, et nous nous sommes dirigés vers la colline de Musée. Au penchant de la colline, sont des grottes creusées avec le ciseau dans le rocher. Les uns les prennent pour des tombeaux, les autres pour les prisons de l’Aréopage. Nous sommes entrés dans la plus apparente de ces grottes, qu’on nomme vulgairement la prison de Socrate ; c’est une chambre carrée de cinq à six pieds de haut, qui peut avoir huit à dix pieds en long et en-large. Un espace, aussi resserré ne nous permet guères de croire que Socrate y ait été enfermé ; car l’histoire nous apprend que l’illustre martyr de la philosophie, recevait dans sa prison un grand nombre d’amis. On sait que Socrate but la ciguë et se promena à son dernier moment en présence de plusieurs de ses disciples ; tout cela ne pouvait se faire dans l’enceinte étroite que nous avons vue. J’ai remarqué au-dessus de la grotte des trous pratiqués dans le roc vif. Tout démontre que des poutres étaient placées là pour soutenir un édifice extérieur, adossé au rocher ; cet édifice pourrait bien avoir été la véritable prison de l’Aréopage, et la grotte un cachot séparé, où, dans certaines circonstances, on enfermait les cri-