Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/168

Cette page n’a pas encore été corrigée

fermait un temple de Saturne et de Rhée ; on y comptait cent vingt colonnes : qu’est devenue toute cette splendeur, toute cette magnificence ? C’est le secret des siècles barbare ; il ne reste plus que dix-sept-colonnes. On aperçoit encore une terrasse soutenue par une partie de muraille, et fortifiée par des arcs-boutans. En regardant les chapiteaux des colonnes restées debout, nous avons vu, comme suspendus en l’air, les restes d’une cabane ou d’une cellule où s’était retiré, il y a quelques années, un derviche turc. Ce derviche qui, dans son humilité du Coran, avait pris ainsi la place de Jupiter, m’a rappelé que les Athéniens demandaient à Diogène quelle était sa demeure, et que pour toute réponse il leur montra les colonnades. du grand temple. Un souvenir de la divinité est toujours resté parmi ces colonnes les Turcs, m’a-t-on dit, y venaient prier dans les temps de calamité, et leur superstition se persuadait que les prières faites en ce lieu montaient plus promptement vers le ciel.

À quelque distance du temple, du côte de l’est, on aperçoit le lit poudreux de l’Illissus ; autrefois une des gloires de l’Attique, maintenant une des plus misérables ruines d’Athènes, l’Illissus est devenu un sujet de dérision parmi les voyageurs et les étrangers. On accuse de mensonge les poètes qui l’ont chanté, les historiens qui en ont parlé on leur demande ce que signifie cet autel consacré