Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/15

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

À bord du Loiret, 27 mai 1830.

LA CORSE, LA SARDAIGNE, STROMBOLI.

Placés entre l’immensité de la mer et l’immensité du ciel, nous n’avions plus d’objet auquel notre attention put s’arrêter. Point de distraction au milieu de ce spectacle admirable quoique uniforme. Dans cet état, on reste long-temps sur les mêmes pensées et notre imagination se livrait aux vagues et tristes rêveries de la veille. Toutefois une pensée ou plutôt un sentiment occupait tous ceux qui habitaient le Loiret, c’était la flotte partie pour la côte d’Afrique ; les vents qui nous portaient avec rapidité vers l’Orient, ne paraissaient pas favorables à la grande expédition ; il n’y avait pas à bord un officier ou un matelot qui n’eut donné la moitié de son traitement pour que la navigation de la flotte fût aussi heureuse que la nôtre. Il y a plaisir à voir le patriotisme des Français, surtout lorsqu’il s’agit de la gloire de leurs armes.

Tandis que nos pensées se portaient ainsi vers