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nous montrer par là qu’il avait été question de l’étrangler. Mes souvenirs de proscrit se sont réveillés à cette image, et j’ai fait des vœux pour que le jeune Lesbien pût bientôt revoir sa patrie ou en trouver une autre.

Plus loin, vers l’orient, est l’île d’Hydra, si fameuse dans les temps moderne par ses malheurs. Hydra est une île plus triste et plus aride que Spezzia. Ce ne sont que des rochers nus, des côtes escarpées, des ravins et des précipices ; il y a quelques années que, sur un sol, si peu favorisé de la nature, on admirait de riches comptoirs, des églises magnifiques, des palais de marbre. Là, on employait des trésors pour se procurer un peu de verdure et quelque faible image du printemps, on y creusait à grands frais des citernes d’où s’échappaient des ruisseaux et des fontaines. Sur des couches de terre apportées de loin, croissaient la figue, l’olive et l’orange ; il y avait des enclos autour d’Hydra dont l’entretien coûtait plus cher que celui de nos beaux jardins de Paris et de Londres. Dans une île qui ne produisait pas de quoi nourrir les oiseaux du ciel, rien ne manquait aux habitans ; son territoire paraissait maudit, mais la bénédiction était sur ses marchés qui abondaient en toutes choses. Chaque île de l’Archipel lui envoyait ses productions sur les côtes de l’Asie et de l’Europe, les moissons croissaient pour Hydra ; on cultivait pour elle des, légumes, des fruits et des