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moulins à vent, dont les voiles blanches, rouges ou grises produisent de loin un effet assez pittoresque. Toutes les maisons, d’une, blancheur éclatante, y paraissent si bien construites, qu’on serait tenté de croire que la ville n’a point d’habitation pour le pauvre. Les pauvres, néanmoins, ne doivent pas y manquer, car l’île de Spezzia a été visitée par les Turcs, la révolution et la guerre civile y ont passé. La ville de Spezzia a deux couvens de caloyers et plusieurs églises ; l’île ne produit rien, et doit tout à son industrie.

Le canot du Loiret nous a descendus sur le continent, en face de l’île de Spezzia. Sur un coté élevé est une ferme appartenant à un couvent de Caloyers, nous avons vu des terres, couvertes de moissons, et des collines tapissées de vignobles. La ferme des Caloyers se trouve isolée, il n’y a près de là ni village, ni maison, ni cabane. Un jeune Grec armé d’un sabre est venu au-devant de nous, et nous a montré l’intérieur de l’habitation. Il n’y a qu’une chambre pour ceux qui habitent la ferme, comme il n’y a qu’une étable pour les animaux. Tout le monde était occupé de la moisson, et la maison était restée déserte. Le Grec qui nous conduisait, nous a raconté ses aventures en mauvais italien ; nous avons compris qu’il était né à Metelin et qu’il avait été obligé de s’expatrier ; en racontant son histoire, il prononçait souvent le nom des Turcs et portait la main à son cou, voulant