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lui en faisait don entre-vifs, en tant que besoin était, et par la meilleures forme que faire se pourrait. Tout cela fut accompagne d’un projet de croisade et des préparatifs d’une expédition en Orient qui resta sans exécution. D’autres conventions furent passées en même temps, qui avaient à peu près le même objet. On y parlait de l’empire d’Orient et du Péloponnèse comme d’une terre ou d’un domaine qu’on peut affermer ou prendre à bail, qu’on peut mettre en gage ou vendre à la criée.

Vous voyez qu’il n’est pas facile ici de suivre la marche de l’histoire, embrouillée par les gens d’affaires, qui se font les tristes continuateurs de Thucydide et de Xénophon. Ducange, qui a voulu débrouiller ce chaos, n’est guères plus facile à suivre, et son livre n’est pas moins ennuyeux, ni moins inintelligible que les traités et les procès verbaux de ce temps-là. Plusieurs des princes qui étaient devenus les héritiers de Villardouin, arrivèrent dans la Grèce, un contrat dans une main et l’épée dans l’autre. C’était à la fois une guerre qu’ils allaient déclarer, et un procès qu’ils venaient soutenir. Au milieu de ces prétentions, appuyées tantôt sur la chicane, et tantôt sur la victoire, le principe du gouvernement ne devait pas manquer de dégénérer. Les liens du pacte féodal ne devaient plus unir le chef et ses compagnons. Chacun des membres de l’association ne songea qu’à se défendre lui-même et à s’agrandir, s’il le pouvait.