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d’Achaïe, et combattaient sous les mêmes drapeaux. Guillaume de Villardouin cherchait une épouse pour avoir des successeurs, et comme si dans cette principauté de Morée, tout dût se faire par le droit de conquête, il épousa une princesse fiancée au roi d’Aragon, que la tempête avait fait débarquer à Ponticos près de Patras. Cette princesse qui appartenait à la famille des Courtenai, donna pour alliés et pour appuis à son époux les empereurs latins de Byzance, et lui apporta en dot les assises de Jérusalem, qui gouvernaient alors les rives du Bosphore ; les Francs établis de la sorte, ne s’occupèrent plus que de la prospérité du pays. L’agriculture et l’industrie fleurissaient sous de paisibles lois, plusieurs villes nouvelles furent bâties ; on se faisait quelquefois la guerre de château à château, comme dans nos royaumes de l’Europe, mais la marche des affaires et la paix générale n’en souffraient pas, ces querelles souvent renouvelées, lorsqu’elles n’étaient pas poussées trop loin, n’avaient d’autre résultat que de tenir en haleine les chevaliers, et conservaient parmi eux le génie militaire, véritable principe du gouvernement ; les fêtes de la chevalerie, les joûtes et les tournois avaient remplacé les luttes et les combats du cirque, les jeux et les spectacles de l’Élide et d’Olimpie ; le titre de prince d’Achaïe était le plus glorieux après celui de roi et d’empereur. La cour brillante de Guillaume atti-