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excité mon attention ou ma curiosité, deviendra le sujet de ma correspondance. Je me rappelle qu’au, temps des guerres d’Orient, les papes avaient soin de recommander aux croisés d’aller à Jérusalem sans regarder à droite et à gauche. Cet avertissement ne les empêchait pas de s’arrêter tantôt à Constantinople, tantôt à Antioche, ou en Égypte. Je ferai comme les croisés, non que je veuille planter quelque part mon drapeau et me faire une baronnie dans de lointaines régions, mais seulement parce, que je veux étendre le cercle de mes connaissances et avoir beaucoup de choses à raconter à mes amis. Mes infirmités, une santé usée par le temps et le travail trahiront quelquefois mes efforts mais je prierai alors mon jeune compagnon de prendre la plume. Il a travaillé avec moi à l’analyse des vieilles chroniques ; il connaît les croisades aussi bien que moi, il verra des lieux que je ne pourrai pas voir, et pour, que tout notre voyage vous soit connu je vous enverrai ses lettres avec les miennes. En quittant la France pour si long-temps, ce qui me console et me charme tout à la fois, c’est d’avoir laissé à Paris, un ami à qui je puisse dire tout ce que j’aurai vu, tout ce que j’aurai senti, et d’emmener avec moi un autre ami non moins cher, qui partagera mes fatigues, me secondera dans mes travaux, et qui pourra me remplacer si je succombe dans mon entreprise. Après le plaisir de faire des découvertes, vient celui de les