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gloire passée ne se présentait à leur imagination ; ils n’avaient parmi eux ni chevaliers ni chapelains qui pussent leur apprendre que le pays où ils se trouvaient, avait été autrefois l’héritage des enfans d’Hercule, le détroit des Thermopyles, les champs de Platée, de Marathon, de Manthinée, ne leur rappelaient point les exploits des anciens temps, et les cités les plus illustres du Péloponnèse n’étaient à leurs yeux que des villes comme Reims ou Troyes en Champagne. Tels nous pouvons nous figurer les héros des premiers jours, qui conquirent des pays encore sans nom et qui établirent leur domination dans la Grèce lorsqu’elle n’avait encore que son soleil et sa terre féconde, il faut avouer aussi que les Grecs de ce temps-là n’en savaient guères plus que les guerriers de la Croix, et qu’ils vivaient dans l’ignorance de leur propre gloire, et dans l’oubli du passé comme un peuple sans ayeux. Toutefois la Grèce offrait des avantages qui devaient tenter l’avidité des conquérans ; l’Attique, couverte d’oliviers, l’Arcadie abondante en troupeaux, les bords verdoyans de l’Iparissus, de l’Eurotas, et de l’Alphée, présentaient l’image de la fécondité ; le ver industrieux qui file la soie, apporté de la Chine sous le règne de Justinien, s’était multiplié dans le Péloponnèse ; l’arbre qui le nourrit couvrait partout les campagnes, et c’est de là, nous dit-on, qu’est venu à cette province le nom qu’elle porte encore