Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/127

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lisez le récit de leurs exploits, et si vous ne savez pas lire, asseyez-vous, près de moi et écoutez. » Vous voyez que l’écrivain appartient au siècle de ses héros, pour que rien ne manquât à sa physionomie contemporaine, sa chronique est en vers comme le sont plusieurs chroniques de ce temps-là, mais cette poésie ne s’éloigne jamais de la prose, et ne saurait altérer en rien la véracité, ni même la simplicité de l’histoire.

Dans le premier livre de son poème ou de sa chronique, l’auteur raconte avec assez de détails le siège et la prise de. Constantinople dans la cinquième croisade ; quand les chevaliers et les barons français eurent appris, que les croisés s’étaient établis en Romanie, et qu’on venait d’y former des seigneuries, ils se montrèrent impatiens de partir. Guillaume de Champlite de la maison des comtes de Champagne fut celui qui montra le plus d’ardeur ; Il lui vint de la Bourgogne beaucoup de compagnons ; les uns étaient de pauvres gens qui le suivaient pour un salaire ; les autres étaient des hommes riches, qui s’offraient à l’accompagner, en qualité de bannerets, et à la condition que chacun d’eux pourrait de créer une conquête de famille.

Dans le temps où les Bourguignons et les Champenois abordèrent sur les côtes de la Grèce, Boniface, marquis de Montferrat, prenait possession du royaume de Thessalonique ; les Vénitiens s’emparaient de Candie et de la plupart des îles de la