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leurs palais. : c’est l’Électre de Sophocle, ouvragé immortel qui représente à notre imagination la ville de Mycènes, telle que le poète l’avait vue lui-même peu d’années avant sa destruction. La première scène d’Électre est comme une exposition des lieux « Vous voyez, à droite, y est-il dit, l’antique ville d’Argos, le bois de la fille d’Inachus et le lycée consacré à Apollon ; à gauche, vous voyez le célèbre temple de Junon : la ville où vous arrivez, c’est Mycènes, et ce palais, témoin de tant d’affreuses aventures, est le palais des descendans de Pélops » — Si cette lettre n’était pas déjà trop longue, j’aurais voulu vous citer quelques-unes de ces scènes admirables où la douleur d’Électre est peinte avec les* traits les plus pathétiques.

Que vous dirai-je de l’histoire de Mycènes ? Le destin de cette ville fut long-temps mêlé à celui d’Argos, et la cité de Persée n’apparaît qu’à de rares intervalles dans les anciennes annales. Après avoir été long-temps sœurs de gloire et de malheur, les deux villes brisèrent les liens qui les unissaient. Mycènes avait envoyé quatre-vingts de ses citoyens aux Thermopyles pour y triompher ou y mourir avec les enfans de Lacédémone. Argos, jalouse de l’éclat qui devait en rejaillir sur sa rivale, la renversa de fond en comble ; et depuis ce temps, Mycènes ne fut jamais rebâtie. Il est douloureux de penser que les beaux dévouemens et les actions