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fleuves de la Grèce ne roulent pas plus d’eau que le fleuve d’Argos. Le chemin que nous suivions n’a pas un seul arbre, pas un peu d’ombre ; Pausanias avait vu sur la même route les monumens de Thyeste et de Persée : il ne reste aucun vestige de ces monumens. À droite et à gauche, devant nous, se sont offerts quelques villages bâtis au penchantdes collines. Après trois heures de marche, nous sommes arrivés au petit village de Carvathi, situé dans le voisinage des ruines que nous cherchions. Nous avions pour guides trois Argiens qui ne connaissaient point le nom de Mycènes ; ce nom si doux et si poétique, a été remplacé chez eux par le mot de Carvathi. Nos conducteurs grecs ne disaient point : Nouas allons à Mycènes, mais ils disaient : Nous allons à Carvathi et c’est nous, étrangers occidentaux, barbares des Gaules qui allions montrer à des enfans d’Argos les ruines de Mycènes.

Nous voici arrivés en présence des ruines les plus antiques, les plus imposantes qui soient restées sur le sol de la Grèce. Chose étonnante ! ces gigantesques débris de la ville de Persée sont aujourd’hui ce qu’ils étaient au temps de Pausanias, et la description qu’en a faite le voyageur grec me dispensera d’essayer une description nouvelle ; tant de siecles n’ont rien changé à la situation de Mycènes, et vous croiriez que c’est hier que Pausanias a visité ces débris.