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d’Argos, j’ajouterai qu’on a trouvé dans des tombeaux, près de l’Inachus, un grand nombre d’objets en terre cuite, tels que des lampes, des patères, des coupes, des vases lacrymatoires. Tous ces vases grecs, ainsi déposés dans les sépulcres, étaient sans doute des présens qu’on avait coutume d’offrir aux morts.

En rentrant dans Argos, nous nous sommes arrêtés devant une église qu’on achève de construire en ce moment et qui sera le plus bel édifice de la cité nouvelle. On lit sur une des murailles extérieures une inscription en grec moderne portant que l’église est dédiée à saint Jean et qu’elle a été bâtie sous les auspices du comte Capo-Distrias, président de la Grèce. À côté de l’édifice, nous avons vu un Grec qui fouillait dans des fosses ; il en retirait des têtes et des ossemens, ruines d’hommes qui vont faire place à d’autres ruines d’hommes : on veut convertir ce lieu en cimetière. Nous rentrions par le côté où Pausanias place la porte de Lucine, et nous ne voyions autour de nous que des cabanes de pierres, des Argiens qui mendiaient sur le chemin, et de toutes parts le spectacle de la misère.

Argos, compte tout au plus deux mille habitans, accourus de différens pays de la Grèce, Argos, qui fut la capitale d’un royaume avec quatorze grandes cités, est aujourd’hui le simple chef-lieu d’un canton formé de dix ou douze petits villages. Cette malheureuse ville, qui a tant, souffert dans ces der-