Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/110

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’environ trois heures. Je n’ai rien vu dans notre marche qui soit digne d’être remarqué. Avant la révolution grecque, une forêt d’oliviers couvrait au loin la plaine, mais cette guerre dont nous avons déjà vu les ravages dans les campagnes de Modon et de Calamata, n’a pas épargné la belle plaine d’Argos.

La ville nous apparaissait au pied d’une montagne, à l’extrémité du golfe. La citadelle de Larissa, qui couronne le sommet de ce mont, brillait des derniers feux du soleil. À une heure de distance, mes yeux avides cherchaient des débris de palais, des tombeaux, quelques monumens qui pussent me parler du roi des rois, pasteur des peuples ; je n’apercevais sur la montagne qu’une forteresse, et au bas, je découvrais, dans un fond de verdure mêlé de vapeurs et d’obscurité, un vaste amas de cabanes et quelques maisons blanches. Nous approchions d’Argos, et le jour s’effaçait autour de nous ; les montagnes qui dominent la plaine de trois côtes, disparaissaient peu à peu au milieu des ombres ; le golfe qui s’étendait sans bruit à nôtre gauche, paraissait comme recouvert d’un long voile grisâtre. Les pâtres et les moissonneurs avaient repris le chemin de leurs demeures ; les ânes charges de gerbes et les troupeaux s’avancaient ensemble, et les pauvres Argiens qui regagnaient leurs, chaumières, s’arrêtaient devant nous pour nous donner le salut du soir, c’est ainsi que nous avons fait notre entrée dans Argos.