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des routs comme on en donne dans la Chaussée-d’Antin. On se flatte avec cela de ressusciter le siècle de Péridès ; et l’Europe se demande si les villes de Thésée et de Lycurgue sont sorties de leurs ruines.

Un de nos compagnons de voyage, qui était venu avec moi à Tyrinthe, voyait avec peine ma mauvaise humeur contre les Grecs. Il est une chose, me disait-il, que la Grèce ne nous empruntera point ; c’est le beau ciel qui nous éclaire maintenant, et qui couvre la terre de moissons ; il est impossible, avec cela qu’une société ne se relève pas de l’état de misère où elle est tombée. Oui, sans doute, mais le soleil ne fait pas le patriotisme ; pour servir sa patrie, il faut commencer par être de son pays, en avoir le caractère et les mœurs, y être attaché par des souvenirs. Vous voyez que le soleil de la Grèce, comme celui de nos climats, ne féconde que les plantes qui ont leurs racines dans le sol ; il brûle les autres, ou le vent les emporte. On ne peut, j’en conviens, ressusciter la Grèce antique, mais la civilisation d’un peuple doit naître de son propre génie, du caractère que la nature lui a donné ; la Grèce, en un mot, ne saurait prospérer avec des Grecs qui sont tour a tour Français, Allemands ou Anglais, et même Turcs dans certains momens.

Vous allez me prendre, mon cher ami, pour un de ces fâcheux qui n’aiment rien et qui sont mécontens de tout ; vous allez croire que ne suis venu