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tion moderne qu’on veut imiter sans la comprendre. J’ai vu dans notre révolution nos Aristides de carrefour singer l’ancienne Grèce qu’ils ne connaissaient point. Les enfans de la Grèce singent de même aujourd’hui la France nouvelle sans en savoir davantage.

En retournant à Naupli, nous sommes entrés dans une ferme modèle, placée à deux cents pas de Tyrinthe. Ce qu’il y a de plus remarquable dans ce pays, c’est qu’on y rencontre presque partout une nouveauté à côté d’une ruine. Cette ferme modèle a été établie par te président, qui veut que l’agriculture des Grecs soit une imitation de la notre. Elle rappelle en petit la ferme de Rambouillet avec sa pépinière, son école horticulaire et ses mérinos. Sur une terre où tout commence, dans des campagnes restées long-temps incultes, on veut introduire les usages d’une agriculture poussée au dernier point de perfection. La différence des climats, les habitudes des peuples, tout cela n’est compté pour rien. Pour le plaisir seul de nous imiter, on ferait volontiers croître les orangers et les myrtes dans des~serres-chaudes, comme on le fait sous notre ciel froid et brumeux : ce ne sont partout que des imitations serviles de ce qui se fait chez nous. Nous avions déjà vu un préfet à Modon, et, je crois un maire à Navarin. On m’a parlé de deux ou trois princesses grecques de Naupli qui font venir toutes leurs modes de Paris, et qui se piquent de donner