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trine sur les préjugés. Il ne faut pas croire cependant que je les défende tous ; je regarde les préjugés comme des institutions morales : il peut se faire qu’il y en ait de dangereux ; mais ce n’est pas une raison pour n’en laisser subsister aucun ; de ce qu’il y eu de mauvaises lois, on ne peut pas conclure qu’il faut vivre sans lois. Voltaire lui-même a dit qu’il étoit des préjugés qui faisoient la vertu.

Comme les préjugés tiennent immédiatement aux affections et aux volontés domestiques d’une nation, ceux qui sont nuisibles, ne tardent pas à être repoussés par ces mêmes affections et ces mêmes volontés qui les ont fait prévaloir. A mesure que les mœurs changent, les préjugés qui sont des opinions identifiées avec les mœurs, changent bientôt a leur tour, et les peuples n’ont pas besoin pour cela du secours des philosophes.

FIN.