ces diverses fonctions, ni quelle fut la bienfaisance d’un homme qui, n’ayant encore pour tout bien que sa place d’associé du collège d’Exeter, avait abandonné son patrimoine d’ainé à son plus jeune frère, chargé de famille. Aussi modeste que savant, il communiquait peu sa science, et l’on n’obtint qu’avec peine qu’il fit imprimer, la dernière année de sa vie, un volume de sermons, 1695, in-8° ; cinq autres ont été successivement publiés après sa mort. Après avoir eu pendant quelque temps la vue faible, il la perdit entièrement en 1686, et resta aveugle jusqu’:) sa mort, arrivée le 12 mars 1695 : il avait alors 86 ans. Cinq autres volumes de ses sermons ont été publiés après sa mort, de 1697 a 1722 ; et la famille en conserve encore plusieurs en manuscrit, ainsi qu’une vie également manuscrite de Conant, écrite par un de ses fils. Conant, homme fort instruit, était si modeste que, quoiqu’il entendît la plupart des langues de l’Orient et en particulier le syriaque, peu de personnes le savaient.
CONARUS, roi d’Écosse, vivait du temps de l’empereur Antonin. Il se trouva impliqué dans une conjuration tramée contre son père Mogald, auquel il succéda. Avec le secours des Pictes, il combattit les Bretons et les Romains qui avaient passé le mur d’Adrien, et avaient emporté un butin considérable. La guerre n’ayant pas eu de résultat décisif, les hostilités furent suivies d’un an de paix. Alors Lullius Urbicus, envoyé pour renforcer les Romains, défit les Écossais, les repoussa au delà du mur d’Adrien, qu’il fit réparer, et les força à la paix. Conarus se livra à tous les excès, et fut déposé par les états du royaume qu’il avait rassemblés pour leur demander des subsides. Il mourut en prison en 150, après quatre ans de règne.
CONCA (Sébastien), peintre de l’école napolitaine,
naquit à Gaéte, en 1679, d’une honnête famille,
qui l’appliqua d’abord à l’étude des belles lettres ;
mais ayant montré du goût pour le dessin, il
fut envoyé à Naples et confié aux soins du célèbre
François Solimène, sous la direction duquel on le
vit faire en peu de temps des progrès rapides. A
l’âge de dix-huit ans, il annonça, par ses premiers
ouvrages d’invention, ce qu’on pouvait attendre
de lui. Il lit voir, pendant l’espace de seize années,
par un nombre considérable de tableaux, tant
a fresque qu’à l’huile, combien il avait su profiter
des leçons de Solimène, qui n’eut pas de plus fidèle
imitatem·. Voulant se perfectionner par la vue des
chel’s-d’œuvre anciens et modernes, Conca se rendit
a Rome. L’étude des ouvrages de Michel-Ange et de
Raphaël fortifia en lui le goût du dessin, sans apporter
aucun changement à sa manière de peindre.
Les Romains, en qui une longue habitude du beau
semblait avoir affaibli le sentiment du beau même,
admirèrent aussi les ouvrages de Conca, seulement
parce qu’ils ne ressemblaient point à ceux
qu’ils avaient admirés jusqu’alors. Cet artiste, gâté
par les éloges de ses contemporains, sacrifia au
désir de leur plaire l’ambition de plaire aux générations
futures. Plein d’ardeur pour le travail, il
établit dans sa maison une académie, où tous les
jours il posait un modèle, et donnait à ses élèves
non-seulement de savantes leçons, mais encore
l’exemple de l’application et de l’assiduité. Clément
XI le choisit pour exécuter plusieurs grands
tableaux, tant à fresque qu’à l’huile, dans l’église de
St-Clément que ce pontife faisait orner. Le succès
de cet ouvrage lui procura toutes les grandes entreprises
qui se firent à Rome de son temps. Sa renommée
ne resta pas bornée à l’Italie, et les étrangers
disputèrent aux Italiens l’avantage d’exercer· son
pinceau. Il entendait bien les grandes compositions
et les distribuait avec sagesse ; il dessinait bien, avait
un beau pinceau, une passable intelligence du clair obscur
et de l’art de draper ; mais, pour vouloir être
agréable, il tombait dans le joli, et n’était que mesquin.
On voit qu’il a cherché le grand : cependant
son talent, naturellement petit, s’est rarement élevé
jusque-la. Son coloris a la prétention d’être brillant,
mais il est trop maniéré. Conca parut un grand artiste,
parce que l’art était lui-même dans sa décadence,
et il ne fit qu’en accélérer la ruine à Rome.
Il apporta dans cette ville, dit Mengs, la manière de Solimène, et des principes moins bons que faciles qui firent tomber tout à fait la peinture. Cet artiste est mort à Naples, en 1764. Jacques Frey a gravé d’après lui la Vierge apparaissant d St. Philippe de Néri ; la Vierge donnant le scapulaire à St. Simon Stock[1].
CONCANEN (Matthieu), auteur irlandais du 18e siècle, était destiné au barreau, où il ne paraît pas cependant s’être fait remarquer. Étant venu à Londres avec Stirling, poëte dramatique de peu de mérite, pour y chercher fortune, il espéra réussir en se déclarant le défenseur du gouvernement. On raconte à ce sujet une anecdote qui n’est rien moins que prouvée. Son compagnon et lui avaient jugé à propos, dit-on, afin de rendre leur projet plus profitable, que l’un d’eux écrirait pour et l’autre contre le gouvernement, et qu’ayant tiré au sort pour décider la cause que chacun d’eux devait défendre, Concanen devint le champion du ministère. Il travailla principalement au Journal Britannique, au Journal de Londres et au Spéculateur, où il se permit quelques réflexions peu obligeantes sur Bolingbroke, et principalement sur Pope, qui, en retour, lui donna une place dans la Dunciade. Son esprit et ses talents littéraires lui valurent la protection du duc de Newcastle, qui lui fit obtenir en 1752 la place d’attorney général de l’Île de la Jamaïque, qu’il remplit avec honneur pendant dix-sept ans. Possesseur alors d’une fortune indépendante, il revint à Londres avec l’intention de se retirer en Irlande et d’y terminer ses · jours ; mais attaqué bientôt de la consomption, il mourut en 1749, quelques semaines après son arrivée en Europe. On a de lui des poésies. et des chansons estimées, une comédie intitulée Wexford Wells et a Supplément to the Profound,
- ↑ Sir Robert Strange, qui possédait une Vierge et l’Enfant Jésus de Sebastien Conca, remarque que, malgré tous ses défauts, c’était un grand peintre, et qu’on doit le considérer comme un de ceux qui ont fait les derniers efforts pour arrêter la décadence de l’art en Italie.