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BIOGRAPHIE UNIVERSELLE.


C

CONAN, dit Mériadec ou Caradog, prince d'Albanie, naquit dans la Grande-Bretagne, passa dans les Gaules avec le tyran Maxime, dont il servit la fortune, et fut créé duc des frontières armoricaines. Il gouvernait depuis vingt-six ans, sous la dépendance des Romains, la partie de l'Armorique connue depuis sous le nom de Bretagne, lorsque, vers l'an 409, les Bretons soulevés lui déférèrent l'autorité souveraine. Ce prince établit à Nantes le siège de son gouvernement ; il assigna des terres, accorda des titres et des honneurs à ses soldats, fonda des églises, établit les diocèses de Vannes et de Dol, éleva des forteresses, fit des règlements pour la navigation, pourvut à la défense des côtes, établit des magistrats dans les villes ; et, vers l'an 419, les Romains, désespérant de réduire les Bretons armoricains, les comprirent au nombre de leurs alliés. Il paraît que le traité fut conclu entre le roi Conan et Exupérantius, préfet du prétoire des Gaules. L'Armorique était devenue l'asile des Bretons insulaires, depuis qu'ils étaient exposés aux courses des Scots et des Saxons. Fracan, cousin de Conan, vint s'établir entre Quintin et St-Brieuc, sur le bord de la petite rivière de Gouet, dans le lieu qui a été depuis appelé Ploufragan, du nom de son premier seigneur. Après avoir consolidé sa puissance, dans le cours d'un règne long et glorieux, Conan partagea ses États entre ses trois fils, Cuil ou Huelin, Rivelin et Urbien ou Concar, et mourut peu d'années après, vers l'an 421. Il fut enterré dans l'église de Léon, avec cette épitaphe : Hic jacet Conanus, rex Britonum. Conan est regardé par les historiens comme la tige de tous les souverains qui régnèrent après lui en Bretagne. On a une médaille frappée à Nantes avec cette légende : Conanus, rex Britonum. Le P. Toussaint de St-Luc croit, dans ses Antiquités Bretonnes, qu'elle appartient au règne de Conan Mériadec ; mais elle pourrait aussi se rapporter à Conan le Tors, qui prit le titre de roi de Bretagne. Ce fut sous le règne de Conan Mériadec que l'archevêché de Tours, cessant d'être suffragant de Rouen, devint métropole des évêchés de Bretagne. Vers le même temps (409), l'empereur Honorius établit les Marches de Tiffauges et de Clisson, pour arrêter les courses des Nantais et des peuples qui vivaient sur les bords de la Loire. Il fut accordé à ces Marches des privilèges et des exemptions dont les habitants ont joui jusqu'à ces derniers temps. On a l’histoire de Conan de Mériadec par Toussaint de St-Luc, 1664, in-8o.


CONAN Ier, dit Le Tors, fils de Béranger, comte de Rennes, se prétendit héritier direct de Salomon, dernier roi de Bretagne, soutint une guerre sans succès contre le comte Hoël (fils d'Alain barbe torte), et, suivant la Chronique de Nantes, le fit assassiner par un gentilhomme, nommé Galuron, dans une forêt, pendant une chasse au cerf, et tandis que ce prince s'était éloigné de ses gens pour réciter vêpres avec son chapelain. Guérech, évêque de Nantes, et frère du comte Hoël, voulut venger sa mort : il quitta le bâton pastoral pour prendre les armes, et livra bataille à Conan, dans la lande de Conquereux, en 981. Conan, d'abord vainqueur, fut enfin blessé et obligé de se retirer. Ne sachant, dit d'Argentré, comment se défendre de l'évêque de Nantes, il chargea Hervic, son médecin, abbé de Rhédon, de le défaire de cet ennemi. Hervic alla trouver Guérech, qui était malade, lui conseilla de se faire saigner, et se servit, à cet effet, d'une lancette empoisonnée. Guérech mourut, et son fils Alain lui ayant survécu peu de temps, Conan se rendit maître de Nantes en 990. Il commençait à régner sans concurrent, lorsque le vicomte Hainon, frère utérin de Hoël, et Foulques Nerra, comte d'Anjou, lui déclarèrent la guerre. Il fut convenu que les deux armées se battraient encore dans la lande de Conquereux. Conan y fit creuser un fossé large et profond, qui fut couvert à sa superficie de branches d'arbres : c'était un piège tendu à ses ennemis. Le 27 juin 992, les deux armées se rencontrèrent. Foulques, prenant dans ses mains le jeune Judicaël, fils du comte Hoël : « Voilà, cria-t-il à haute voix, l'héritier légitime du comté de Nantes ; Conan n'est qu'un usurpateur. Vous ne tirerez l'épée aujourd'hui que pour punir l'injustice et réprimer la tyrannie. » Alors les soldats jettent de grands cris et demandent le combat. Conan feint de fuir, pour attirer Foulques dans le piège. L'armée surprise est attaquée avec furie ; Foulques lui-même est renversé de son cheval ; il se relève, ranime le courage étonné des siens, fond sur les Bretons, et achève leur défaite par la mort de Conan. Ce prince fut transporté et inhumé à l'abbaye du mont St-Michel, qui servait de limite entre la France et la Normandie, et à laquelle il avait fait de grandes donations. Conan Ier avait épousé, en 990, Hermengarde,