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Il’CON thune et le comte de Flandre, al’itaitation d’un grand nombre de seigneurs des deux nations, se crossèrent aussi. Mais Conon le fit, dit-on, pour plaire à la dame de ses pensées. Ayant découvert peu de temps après que c’etait pour l’éloigner qu’elle lnl avait conseillé ce pèlerinage, il en ressentit une vive douleur, et composa contre elle, et contre les femmes en général, des vers qui furent un vrai scandale. Pour s’excuser, il en publia d’autres dans lesquels il rejeta sur celle qui l’avait trahi le tort de ses invectives, et il déclara dans’un couplet que l’amour de Dieu l’avait enfin emporté sur les regrets que l’infidélité de sa dame lui causait. Dès lors sa Muse changea de sujet. L’ardeur’do la croisade Jcmblaitentiérement refroidie ; plus d’un an s’était passé ; les deux rois et les comtes et barons qui avaient juré de reconquérir les saints lieux ne Eraissaient plus se soucier de tenir leur serment. tte indifférence excita la bile du poëte ; il fit deux chansons où il exprima avec une véritable éloquence les sentintentsqni l’animaient. Justesse d’expression, précision, traits satiriques, tels sont les caractères qu’on y remarque. Enfin la flotte des croisés mit à la voile et parut sous les murs de Ptolémaïs, à la fin de l’année 1190. On sait que la prise de cette ville fut le seul résultat de cette expédition. Philippe-Auguste, en proie à deux maladies, la fièvre et sa jalousie contre le roi Richard, reprit le chemin de lllêîurope. Conon de Béthune revint avec les autres chevaliers français. On croit qu’il combattit auparavant la résolution du roi, dans une chanson qui ne porte pas son nom, il est vrai ; mais où l’on retrouve son énergie, son éloquence et sa raison. Ce retour des croisés français excîta partout l’indignation. On insulte à leur courage ; on leur reprocha d’avoir trahi la cause de Dieu et leurs frères d’at-mes. Messite Hues d’oisy, poëte du temps, composa et fit courir contre Conon une chanson qui parut d’outrageantes représailles des couplets satiriques que ceavait adressés au’x chevaliers croisés pour excikr leur zèle ; mais, quelques années après, Conon de Bethunelit voir combien peu il méritait ·les ouvrages de messire Hnes d’oisy. En 1198, une nouvelle croisade fut preehée, Conon ne compose plus de vers ; mais il offrit son bras, son expérience et son éloquence. Jusqu’ici nous avons présenté ce treuvène tel que M. Paulin Paris l’a peint dans son Retnmwsro français, publié en 1855. Maintenant nous allons présenter le guerrier et l’homme d’État, tet que les chroniques contemporaines Font dépeint. Tout le monde sait comment l’armée des croisés i ûunçals et vénitiens fut détournée, en 1201, du N · vsaibut de suâexpédition, pour aller faire la’conquête thhra et pour rétablir ensuite le jeune Alexis h sur le trône usurpé de son père Isaac. Lorsqu’elle fut. B - arrivée sur les terresde l’empire grec, l’usurpateur, A nommé aussi Alexis et oncle du jeune prince, essaya th hemper les croisés par des négociations. Ses artifices n’ayant pu retarder leur marche, il se décida, lyand il sut qu’ils n’étaient plus qu’à trois heures QE Qbnsmntinople, à leur envoyer des députés charfél du Dcllesprotnessesv Mais, dit Villelumlouin, } I

CON et par le commandement des. priucœ et barons, sa q leva Queues de Béthune en pié, qui bon chevalier ; t estoit et sages et bien parlans ; il respoudit au t a message et dist : Biau sire, vos aves dit que vestre u sire se merveille moult durement pourquoi nostre asetgneur sont entré en sa terre né en son réa gue. En sa terre né en son règne ne sont-il v mie entré ; quand il la tient à tort et sans ral- t son et contre Dieu ; et ce est péchié, si sire de sa terre est son neveu qui ci est et qui fis est ds et son frère l’empereur Sursac. Mais sé ll à la merej en de son neveu voloit venir et il ll rendit sa coronne et l’empire, nous proie rions qu’il ll donast sa pes et et tant du sien qu’il pust vivre richement, et yrdés que por ce message, ne revenés plus, sé ce a n’est por- otroïer ce que vos avés oi. À Après cette réponse ferme il fallut combattre. On sait comment les croisés renversérént l’usurpateur et rétahllrent Isaac et son fils. Nous ne rappellerons pas les évéue. ments qui suivirent cette première révolution, ui comment lejeune Alexis, cédant aux conseils perfides de l’ambitieux Murzulphle, perdit le tronc et la vie ; ce prince oublia ce qu’il devait aux croisés, qui exigèrent l’exécution entière du traité qu’ils avaient conclu avec lui. Conou de Béthune fut envoyé à la tete d’une ambassade pour réclamer ce qui leur était dû ; la mission était périlleuse. Depuis queltpte temps les croisés n’entraient plus à Constantinople ; il n’y avait plus de communication entre les Grecs et les Latins. Un soulèvement général pouvait avoir lieu, à la vue des ambassadeurs ; cependant ils entrèrent à cheval dans la ville et arrivèrent sans obstacle au palais de Blaquerncs. Conon parut à la q cour d’Alexis, et rappela au jeune empereur les sert vices que les croisés lui avaient rendus et les pro- t messes qu’il leur avait faites. Il déclara que la guerre allait se rallumer si le traité n’était pas exécuté. La hauteur et la franchise de Cotton mécontentèrent ’ Alexis. Les courtisans qui l’entouraient éclatèrent en reproches conu-e les croisés, les murmures se propagèrent au dehors ; la fermentation augmenta dans la ville ; le danger paraissait imminent pour les ambassadeurs. Mais leur contenance ferme imposa silence à la multitude ; ils sortirent att petit pas de Constantinople, et le mécontentement des Grecs n’osa même s’exhaler par des murmures. Baudouin, comte. de Flandre, ayant été élu empereur de Constantinople, Conon de Béthune, qui s’était distingué par son éloquence dans les ambassades ctpar sa valœràla prise de Constantinople, fut revêtu de la charge de grand maître de la garde-robe ou de protovestiaire. Ce fut a lui que Baudouin confia le commandement de le capitale, lorsqu’il marçha contre Joanic, roi des Bulgares ; et, quand on apprit dans cette ville la défaite et la captivé de l’empereur, Conon justine le choix de ce prince, en calmant les esprits des habitants, en retenant les Français qui se disposaient déjà à fuir, et en maintenant la uanquillité publique. Henri, frère de l’empereur, reconnu pour régent, alla avec Conon faire lever le siège de Didymotique où Villehardouin se dél’endait’avec courage ; puis il chargea ces deux seigneurs d’¤llcr délivrer n · n