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COU rigeait vers les monts de Séwalik. De grandes levées dans le pays grossirent le co1·ps de Couttoub, qui, maître de forces considérables, soiunit les alentours, emporta le· fort de Mérat, et mit le siège devant Dehli. Animés par les Badjepoutes de sa garnison, les habitants de cette grande ville répondirent à la première sommation de Couttoub par une sortie. Le général musulman était loin de compter autant de soldats dans son armée que les assiégés dans leur place : cependant la tactique et la discipline des sectateurs de Mahomet l’emportèrent sur Pintrépidité des Hindous. Ceux-ci rentrèrent dans les murs de Dehli, mais sans en être plus tentés de se rendre ; et ce n’est qu’après un siège opiniâtre qu’ils capitulèrent (l 192). Alors tomba du trône la dynastie- de Prithou Baia ou Cadi Baia, qui depuis tant de siècles régnait sur l’empire de Dehli, et commença potu· cette contrée la domination musulmane. Tandis que Couttoub entrait en vainqueur dans Dehli, les Jauts du Goudjerat bloquaient Hassi. Voler au secours de cette place, la dégager, poursuivre les Jauts jusqu’à leurs frontières, telles furent les occupations de Couttoub en 1193. liannée suivante, il passa le Djemnah, pritltola, qui forma pour lui comme une principauté féodale, relevant de l’empi1·e indo-mu-Sulman ; et, après avoir üxé à Dehli le siège de son gouvernement, il s’apprêtait à pousser plus loin, lorsque Mohammed marcha sur Canodje, .et l’avertit qu’il comptait sur le concours de ses troupes pom· cette expédition. Couttoub se hàta d’opérer sa jonction avec le prince, qu’il avait quitté depuis t1·ois ans, et lui amena 50,000 chevaux. Mohammed lui fit un accueil proportionné à l’impo1·tance de ce renfort, l’appela son ami, son fils, et le confirma dans sa principauté de Dehli. Il parait que de part et d’autre les protestations d’amitié étaient sincères. La camjngne de 1194 ajouta beaucoup à la gloire de Couttoub. Ses troupes seules donnèrent à la bataille entre Choundour et Alava, contre le radjah Joy ; et une flèche partie de sa main, en faisant tomber de son éléphant le radjah lui-même, mortellement blessé à l’œil, assura la victoire aux Musulmans. La suite de cette importante journée fut la reddition de Bénarès, où Mohammed entra en triomphe, brisant les idoles, recueillant un immense butin et consolidant pour longtemps la supériorité des Musulmans dans Pllindoustan. Pendant’ce temps, Couttoub revint à Dehli. Il v trouva une nouvelle occasion d’intervenir dans les affaires des princes indigènes. Gola, radjah d’Adjemi1·e, après la mort de Pittom, venait de se voir expulsé par Him-Badjah, son parent ; il implora l’appui du prince de Dehli, promettant d’être son tributaire. Soudain Couttoub se mit en marche suivi de 20,000 hommes de cavalerie, battait sur sa route un général de Him-Badjah, trouva enfin l’usurpateur lui-même à la tète de son armée, et ne tarda pas à l’attaquer. Him-Badjah perdit à la fois la ·bataille, le sceptre et la vie (1195). Gola remonta sur son trône ; mais son protecteur laissa dans l’Adjemire

c0U 403 un corps de troupes sous prétexte de le maintenir et de préveni1· des troubles. On put depuis ce temps regarde1· l’Adjemire comme un avant-poste du grand campement des Mabométans dans l’Inde. L’année 1196 fut signalée par une première expédition de Couttoub dans le Goudjerat. Des dévastations horribles marquèrent son passage, et ses troupes marchèrent chargées de butin, mais sans avoir pu s’emparer de la capitale Naroualla. Elles furent même ’ harcelées dans leur retraite et éprouvèrent im échec qui fut amplement compensé par la réduction de Biana, et de l’imprenable Goualior. Le sultan récompensa ses services en lui conférant le gouvernement général de l’Inde. À peine rentré dans Dehli, Couttoub ne s’occupa plus que de la nouvelle expédition qu’il projetait contre le Goudjerat ; et il l’exécuta en 1197, avec un plein succès. N aroualla fut prise, après un siège aussi opiniâtre que mem-trier. La famine, suite d’un étroit blocus, soumit Calinger, dont nulle armée n’eût puesualaderles.. après rochers. Mhoba, capitale du Kalpi, Bondaoun, • au confluent de la Djemnab et du Gange, ouvrirent aussi leurs portes. Mohammed vécut encore jusqu’en 1203, époque à laquelle il fut percé de quarante coups de poigna.rd par des Gickers du Nilah. Jusqu’à cet événement, Couttoub avait prouvé le dévouement le plus constant à son souverain. Lorsque l’expédition de Mohammed dans le Khovaresm était sur le point de lui devenir le plus funeste, et que, battu par Takach, il voyait de plus les Gickers s’avancer vers Lahore, tandis que Ghaznah se révoltait à la voix d’1m omrah 1·ebelle, Couttoub parut à propos pour le dégager, battit les Gickers ; et bientôt, pa1· la terreur de ses succès, causa dans Ghaznah une réaction, qui la remit sous la loi de Mohammed. Le sultan ne surv écut que peu de mois à sa délivrance. Mahmoud, son neveu, n’était pas apte au rôle actif de conquérant, pas même à celui · de souverain pacifique. Il sembla lui-même abdiquer, en remettant aux trois premiers de ses généraux, Nasser-Eddin, Eldoze et Couttoub, les fonctions, les fatigues de la dignité suprême, dont il ne · se réserva que les titres, les trésors, et les plaisirs. Mais tandis qu’il menait la vie de sérail, Eldoze se fit proclamer sultan à Ghaznah même, où végétait Mahmoud : Nasser et Couttoub en firent autant dans Iem-s principautés (1205 et 1206). Mais cette indépendance n’était pas dans les intentions d’Eldoze, qui, en 120’l, marcha sur Lahore. Le nouveau sultan de Dehli vit bien que la cause de Nasser était la sienne, et vint sur-le-champ à son secours. Eldoze, après une lutte opiniâtre, fut battu, repoussé jusque sous les mu1·s de Ghasnah, et finalement forcé d’abandonner cette capitale. Couttoub y fit son entrée au milieu des acclamations du peuple, toujours ami du changement de maîtres. Avec de la prudence et de l’activité il n’eût sans doute tenu qu’à lui de régner stu· Ghaznah comme sur Dehli, et de faire reconnaître sa suprématie à La- ’ hore ; mais il crut trop tôt que tout était fini ; et la vie voluptueuse du harem prit sur lui plus d’em