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militari (ou traité de l’art militaire), divisé en 7 livres, Venise, 1495, in-fol., Florence, Junte, 1520, in-8o ; tels sont encore ces trois poèmes sur l’Art de gouverner, sur les Vicissitudes de la fortune, sur l’Art militaire en général et sur les généraux qui s’y sont le plus distingués, recueillis en un seul volume ; le premier est intitulé : de Modo regendi ; le second, de Motu fortunae, et le troisième, de Integritate rei militaris et qui in re militari imperatores excelluerint, Venise, 1517, in-8o. Il laissa aussi en vers et dans la même mesure une Vie de Pierre Avogadro, qui ne fut imprimée qu’en 1560. Sa Vie de Barthelemy Coleoni, en prose latine, est imprimée, t. 9 du Thesaur. Antiq. Ital. de Burmann. On a encore de notre auteur un poème latin, en vers élégiaques, intitulé : de proverbiorum Origine. Le recueil Carminum illustrium Poetarum Italorum, Florence, 1721, contient plusieurs autres de ses poésies latines. Le Quadrio et Tiraboschi citent de lui d’autres ouvrages inédits en vers et en prose, qui sont en manuscrits dans les bibliothèques de Modène, de Florence et de Milan. Il s’essaya aussi dans le genre des nouvelles en prose ; on en publia après la mort un petit recueil sous ce titre : Proverbii di messer Antonio Cornazzano, in facetie, Venise, 1525, in-8o. Ce sont en effet des proverbes dont l’origine est expliquée par des historiettes ou nouvelles. Quoiqu’elles soient revêtues d’un privilège du souverain pontife, daté du mois de juin 1521, 9e et dernière année du pontificat de Léon X, elles sont fort licencieuses. La seconde édition parut en 1525 ; il n’y avait encore que treize proverbes. Dans la troisième édition, Venise, 1526, in-8o, il y en eut trois de plus, avec deux dialogues et le même privilège ; ils furent réimprimés six ou sept fois, toujours à Venise, dans le courant du même siècle. Il y en eut quelques éditions latines, entre autres celles de Milan, 1505, petit in-4o, qui ne contient que dix proverbes ou nouvelles en vers latins. Ou n’est pas même certain si l’auteur les avait originairement écrits en latin, ou si c’était en italien. Ce qui fait croire que c’était en italien, c’est qu’aucune de ces éditions ne porte qu’ils fussent traduits du latin. M. Renouard en a donné une, réimprimée avec beaucoup de soin, par Didot l’ainé, Paris, 1812, 1 vol. in-12. qui n’a été tirée qu’à cent exemplaires, y compris le papier vélin.

G―É.


CORNEILLE (Saint), centenier ou capitaine d’une compagnie romaine dans la cohorte appelée Italienne, se trouvait à Césarée, en Palestine, vers l’an 40 de J.-C. Quoiqu’il fût alors païen, il connaissait le vrai Dieu, faisait d’abondantes aumônes, et vivait, ainsi que toute sa maison, dans la crainte du Seigneur. On trouve dans les Actes des Apôtres (ch. 10 et 11) la relation détaillée de toutes les circonstances qui accompagnèrent la conversion de Corneille. Il fut baptisé par St. Pierre, mais on n’est pas d’accord sur ce qu’il devint ensuite. Quelques-uns disent, sans fondement, qu’il fut évêque de Césarée, d’autres, qu’il dirigea une église en Phrygie ou dans l’Asie Mineure. Les Grecs en font un martyr. Du temps de St. Jérôme, il y avait à Césarée une église qui

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passait pour avoir été la maison de Corneille, et Ste. Paule la visita par dévotion en 385. Ce qu’il y a d’incontestable, c’est que Corneille fut mis de très bonne heure au rang des saints, puisque son nom se trouve dans le canon de la messe. Sa fête se célèbre le 2 février chez les Latins, et le 13 septembre chez les Grecs. (Voy. Les Vies des Saints de Baillet.) ― Un CORNEILLE, patriarche d’Antioche, vivait dans le 2e siècle. Il succéda, l’an 129, à Héron Ier, qui fut martyrisé, et eut pour successeur, l’an 143, Héron II. (Voy. la Chronique d’Eusèbe et les Annales de Baronius.)

CH―S


CORNEILLE (Saint), élu pape en juin 250 ou seize mois après la mort de St. Fabien, était Romain de naissance, et avait déjà gouverné l’Eglise pendant la vacance occasionnée par la-persécution de l’empereur Dèce. Une pureté virginale, une retenue et une fermeté singulières caractérisaient St. Corneille, qui n’avait ni désiré ni demandé aucune dignité, et à qui il fallut faire violence pour lui conférer l’épiscopat. Cette grande vertu fut mise à de grandes épreuves. Il eut un ennemi acharné dans la personne de Novatien, qui se déclara contre son élection. Cet homme, disciple et sectateur du prêtre Novat (voy. NOVATIEN et NOVAT), excita un mouvement contre St. Corneille, se fit élire en sa place, et mérita ainsi le premier le titre d’antipape. Le schisme ne fut pas de longue durée ; mais la persécution contre les chrétiens s’étant renouvelée sous l’empereur Gallus, successeur de Dèce, St. Corneille fut banni à Centumcelles, aujourd’hui Civita-Vecchia, où il finit sa vie, le 14 septembre 252, dans les souffrances du bannissement ou de la prison, ce qui l’a fait mettre au nombre des martyrs. Il mourut après avoir occupé le saint-siège pendant 1 an, 5 mois et 10 jours. On connaît deux lettres de ce pape, parmi celles de St. Cyprien et dans les Epist. Rom. Pont, de D. Constant, Paris, in-fol. Il y a aussi dans la Bibliotheca Patrum une lettre attribuée à St. Corneille, adressée à Lupicinus, évèque de Vienne ; mais elle n’est pas de ce pape, non plus que les deux qui se trouvent sous son nom dans les décrétales. (Voy. les Annales de Baronius et les Mémoires de Tillemont, t. 5.)

D-s.


CORNEILLE (Pierre), le créateur de l’art dramatique en France, l’un des hommes qui ont le plus contribué au développement du génie national, et le premier dans l’ordre des temps entre les grands écrivains du siècle de Louis XIV. Né à Rouen, le 6 juin 1606, d’un avocat général à la table de marbre de Normandie, nommé aussi Pierre Corneille et de Marthe le Pesant, fille d’un maître des comptes, il se destinait au barreau, et y avait paru sans succès, lorsqu’un événement de société sembla lui révéler son talent. « Un jeune homme, dit Fontenelle, mène un de ses amis chez une demoiselle dont il était amoureux. Le nouveau venu s’établit sur les ruines de son introducteur. Le plaisir que lui cause cette aventure le rend poète ; il en fait une comédie. » Cette comédie était Mélite, jouée en 1629, Clitandre (1632), la Veuve, la Galerie du