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CON service. Ce ne fut qu’au bout de cinq ans que le roi lui permit de l’accompagner, comme volontaire, au siège de Tournay : il s’y distingua par sa bravoure ; mais une maladie l’empèeha de continuer la campagne. Il suivit encore le roi au siège de Dole en 1668, et a celui de Besançon en 1674. Il combattit près de son père à la bataille de Senef, et lui sauva la vie, en aidant le comte d’ostain à le replacer sur son cheval ; il s’empara de Lintbourg(1675), après huit jours de tranchée ouverte. Doué d’un espt-it fin et délicat, il faisait le charme de la société, qu’il aimait ; mais il était froid et sévère dans son intérieur. Généreux jusqu’à la prodigalité dans les actions d’éclat, il était naturellement parcimonieux ; peut-être que le souvenir de la détresse où il avait un son père contribua beaucoup à lui donner ce vice, si odieux dans les personnes d’un rang élevé. Il avait épousé, en 1665, Anne de Bavière, princesse palatiue du Rhin. Dans les dernières années de sa vie, il fut sujet à des vapeurs qui le rendirent la fable des courtisans. St-Simon, tt-op enclin à la malignité pour être toujours impartial, parle de ce prince d’une manière peu favorable ; il est à croire cependant qu’il aurait illustré le notn qu’il portait, si son père lui eût laissé quelque chose à faire à cet égard. Il mourut le 1°’avril 1709. W-s.

CONDE (Lot : ts-Jos¤Pn ne Bonnnotv, prince nn), né à Paris (1) le 9 août 1756, était fils unique du duc de Bourbon (voy. ce nom) et de la princesse Caroline de Hesse-Rlteinfels. Orphelin dès l’âge de cinq ans, il eut pom· tuteur le comte de Chat-olais (voy. ce notn), son oncle, qui p1·it le plus grand soin de son éducation, et sut par une sage économie réparer le désordre de sa fortune. Il n’avait pas encore atteint sa quinzième année, lorsque le roi lui donna la charge de grand maître de sa maison, que le duc de Bourbon avait possédée. Le 2 mai 1752, il fut reçu chevalier de l’ordre du St-Esprit ; et l’année suivante il épousa mademoiselle de Rohan-Soubise, qui mourut le 5 mars 1760, à la fleur de son age, laissant deux enfants, M. le duc de Bourbon et mademoiselle de Condé (voy. ces deux articles), ahbesse de Remiremont, puis supérieure de la congrégation de l’Adoration perpétuelle, établie en 1816 au Temple. En 1751, ai dix-huit ans, il lit l’ouverture des états de Bourgogne, en qualité de gouverneur de cette province. Dès l’année suivante, il rejoignit l’armée française en Allemagne. Il n’assista point à la malheureuse bataille de Rosbaek ; mais en 1757, à celle d’Ilastembcek, il eut l’oeeasion de signaler sa valeur et son sang-froid. Son aide de camp, M. de la’l’ouraille, s’engageant à faire quelques pas pour éviter la direction d’une batterie, il lui répondit : « Je ne trouve a point ces précautions dans l’histoire du grand u Condé. » Deux ans après on le vit à lllinden charger avec un brillant courageà la tète de la réserve. Enfin l’avantage qu’il remporta sur le duc de Bt-uusvviek, en 1762, à Joltansherg, mit le sceau à sa réputation militaire. Le roi lui fit présent d’une partie (1) Et non pas à Cliauttilly, comme le disent toutes ies lliographics.

CON 15 des canons qu’il avait enlevés à l’ennemi, et le nom de Condé acquit un nouveau lustre. À l’une des pre-, miéres représentations de la petite comédie de Rochon de Chabannes, intitulée Heureusement, l’actrice qui jouait le rôle de madame de Lisban (mademoiselle Hus), en prononçant cet hémistiche : Et moi, je ’ bois ai Mars, ayant jeté les yeux sur la loge du prince, qui assistait à la représentation, tous les spectateurs applaudirent avec tt-anspot-t. informé que le duc de Brunsvvick devait le visiter à Chantilly, le prince lit disparaître les canons pris à Johansberg et qui bordaient l’aveuue du château. Cette attention délicate n’échappa point au général prussien, qui lui dit : Prince, vous avez voulu me vaincre une seconde fois par votre grandeur d’àme. » Dans les dissen·. sions qui s’élevèrent bientôt entre la cour et le parlement, il se déclara d’abord pour l’autorité royale ; mais, ayant protesté contre l’édi-t qui cassait le parlement, il fut exilé comme les autres princes. Toutefois, Louis XV, qui l’aimait, ne tarda pas à le rappeler. Mais craignant sans doute que cette grâce ne fût regardée comme une preuve de défection, le prince de Condé lit, avant de quitter Chantilly, renouveler à ses vassaux la défense de reconnaître la juridiction des nouvelles cours souveraines. Lié particulièrement avec le dauphin, il fut le compagnon assidu de ses exercices tnilitaires au camp de Compiègne. À la mort de ce prince, Louis XV lui donna son régiment. À l’exemple du plus illustre de ses ancêtres, le prince de Condé se faisait une gloire de protéger les lettres, qu’il cultivait avec succès. Chamfort, connu seulement alors par des ouvrages dramatiqtgzs, devint sécrétait-e de ses commandements, et Grouvelle lui succéda dans cette place. Valmont de Bomare fut chargé d’organiser à Chantilly un cabinet d’histoire naturelle, le plus cotnplet qu’on eût • vu jusqu’alors. Desormeaux, St-Alphonse, etc., faisaient partie des réunions littéraires qui, chaque semaine, avaient lieu au Palais-Bourbon. Une piéce de vers de Voltaire, adressée à M. de la’I’ouraille, p1·ouve que le prince de Condé s’intéressait à la colonie naissante de Ferney ; et l’on voit, par les lettres de Voltaire à ce prince, que les habitants du pays de Gex lui étaient redevables de diverses exemptions. Quoiqu’il ne partageait point les opinions de la plupart des littérateurs qu’il admettait ai son intimité, le prince de Condé leur permettait de discutet· librement devant lui les plans de finance que chaque jom· voyait éclore ; et il reconnaissait la ’ nécessité d’admettre toutes les 1·él’ormes qui, sans touchera l’ancienne constitution de la monarchie, devaient améliot-et· le sort des classes inférieures. Il avait dans toutes les circonstances donné des preuves de l’intérêt qu’il prenait aux souffrances du peuple. Lots de la disette de 1775, il avait fait acheter du blé pour le distribtter aux indigents de ses domaines, au même prix que dans les années les plus abondantes. Tous les ans il faisait évaluer les dégâts occasionnés par ses chasses, et donnait à ceux qui avaient souffert quelques dommages plus qu’ils n’avaient pet-du. La Bout-gogne n’était point oubliée ( dans les secours et les encouragements que le prince (