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naturalis et gentium doctrina metaphysica asserta, Venise, 1756, in-8°.


CONCINI. Voyez Ancre.


CONCORREGGIO (Jean de), médecin, né à Milan, dans le 15e siècle, fut reçu au collège de médecine de cette ville en 1413. Après avoir professé d’une manière distinguée à Bologne et dans plusieurs autres universités, il obtint une chaire à celle de Pavie, où il mourut vers 1440. On connaît de lui deux ouvrages assez bons pour le temps auquel ils furent écrits. Le premier est intitulé : Summula de curis febrium secundum hodiernum modum et usum compilata ; le second, que l’auteur termina en 1458, porte le titre de Lucidarium, seu flos florum medicinæ, etc. Ces deux traités, imprimés plusieurs fois isolément, ont été réunis et publiés sous ce titre : Practica nova totius fere medicinæ, etc., Pavie, 1485, in-fol. ; Venise, 1515, in-fol.

Z.


CONDAMINE (Charles-Marie la), de l’académie des sciences, de l’Académie française, de la société royale de Londres, et des académies de Berlin, de Pétersbourg et de Cortone, naquit à Paris, le 28 janvier 1701. On peut dire de lui, avec vérité, que le trait saillant de son caractère, la cause principale de ses succès dans les sciences, dans les lettres et dans le monde, fut la curiosité ; mais une curiosité active, unie à des qualités solides, telles que l’ardeur, le courage et la constance dans les entreprises. En sortant du collège, il alla, comme volontaire, au siège de Roses, où déjà sa passion dominante manqua de lui devenir fatale. Il était monté sur une hauteur pour examiner la place de plus près, et il s’occupait à regarder avec une lunette le service d’une batterie, dont les boulets tombaient autour de lui sans qu’il s’en aperçût. Il fallut qu’on lui donnât l’ordre de descendre, et qu’on lui apprit qu’un manteau écarlate qu’il portait l’avait rendu le point de mire des assiégés. La paix vint, et la Condamine ne pouvant espérer qu’un avancement lent et une vie monotone, qui ne satisfaisait point son infatigable activité, quitta la carrière militaire, et entra à l’académie des sciences en qualité d’adjoint-chimiste. Sa curiosité, qui s’étendait sur tout et que tout éveillait, l’avait porté à s’occuper également des diverses sciences cultivées à l’académie ; mais l’inquiétude de son esprit lui rendant une longue méditation insupportable, il ne pouvait que les étudier superficiellement et les effleurer toutes sans en avancer aucune. C’était en lui un goût, plutôt qu’un savoir ; mais ce goût suffisait alors pour entrer à l’académie, parce que les sciences étaient bien moins généralement cultivées qu’aujourd’hui. Peu de temps après sa réception, il s’embarqua sur l’escadre de Duguay-Trouin, et parcourut, dans la Méditerranée, les côtes de l’Asie et de l’Afrique. Il examina curieusement et avec une activité égale les productions de la nature, les monuments de l’antiquité, les usages des peuples, la forme des gouvernements. Il visita la Troade, et passa cinq mois à Constantinople. De retour à Paris, il trouva l’académie occupée d’un projet de voyage à l’équateur, pour déterminer la grandeur et la figure de la terre. Il se proposa aussitôt pour faire partie de l’expédition ; on l’accepta, et l’accès qu’il avait près du ministre, ainsi que son amabilité, furent, dit-on, les causes les plus puissantes qui en accélérèrent l’exécution. Il partit avec Bouguer et Godin, deux autres membres de l’académie. Ce qu’ils eurent de peines, de fatigues, de malheurs à supporter ne saurait se concevoir. Leur voyage dura dix ans, et quand ils revinrent en France, ils rapportèrent, avec leurs résultats, les malheureux germes d’une inimitié réciproque qui fit le chagrin de leur vie. Cependant Bouguer et la Condamine, avec des talents très-divers, avaient concouru, d’une manière également utile, au succès de l’expédition. Le premier était sans doute bien supérieur à son collègue comme savant. Tout ce qui concernait la construction des instruments, leur disposition, leur usage, tout ce qui tenait à l’art de préparer des observations exactes, doit être accordé à Bouguer ; mais, pour développer ces moyens, il fallait se concilier l’esprit des habitants, se faire écouter des autorités, surmonter les obstacles, sans cesse renaissants, qu’un peuple ignorant et superstitieux oppose toujours à des étrangers ; il fallait se faire respecter, et imposer aux malveillants à force de courage et de persévérance : voilà ce qu’a fait la Condamine. Tant de soins, de démarches, d’inquiétudes auraient épuisé l’activité de tout autre ; mais lui, quand il pouvait s’y dérober, c’était pour venir aussitôt partager avec ses collègues les travaux astronomiques, dans lesquels il ne leur était pas inférieur sous le rapport de l’exactitude. S’ils ont plus contribué que la Condamine à cette partie du travail, c’est à lui seul qu’ils ont du la faculté de s’y livrer, et, malgré toute leur habileté, il est très-probable que, sans lui, ils n’eussent point exécuté l’opération. La Condamine, après des fatigues inouïes, revint en Europe, et publia ses observations, qui devinrent un sujet de dispute. Bouguer l’attaqua avec humeur ; la Condamine répondit avec gaieté, et le public, incapable de juger le fond de la question, se mit du parti de celui qui l’amusait. (Voy. Bouguer.) À peine la Condamine fut-il débarrassé de cette dispute qu’il se livra à un projet qu’il avait depuis longtemps médité : c’était l’établissement d’une mesure universelle. Il proposait de choisir pour unité la longueur du pendule simple à l’équateur. Il écrivit aussi avec succès en faveur de la pratique naissante de l’inoculation, et il eut le plaisir de voir qu’il avait contribué efficacement à la propager. En 1757, il fit un nouveau voyage en Italie. Il mesura avec la plus grande exactitude les dimensions des édifices de Rome les mieux conservés, et supposant, ce qui était assez vraisemblable, qu’elles devaient toujours contenir un nombre entier de pieds romains, il chercha à retrouver la longueur de ce pied, d’après leur comparaison. Dans ce voyage, son ardente curiosité pensa plus d’une fois lui devenir funeste. On lui montrait dans le trésor de Gênes un grand vase d’une seule émeraude connu sous le nom de sacro cattino, qui passait pour une relique et qui était de plus une ressource dans les besoins pressants. La Condamine voulut s’assurer si le vase était réellement d’émeraude, et il allait essayer de le rayer, pour éprouver sa