à Paris ; la fatigue de ce voyage, jointe à la perte de sa fortune qu’il avait convertie en billets de banque, abrégèrent ses jours. Il mourut à Paris, le 5 juillet 1722.
CHAUVEAU-LAGARDE (..........), célèbre avocat, naquit à Chartres, en 1765. Reçu avocat au parlement de Paris, il avait déjà débuté d’une manière brillante dans la carrière, lorsque les orages politiques lui fournirent l’occasion de déployer son courage et son talent sur le sanglant théâtre de
la révolution. Il y disputa un grand nombre de victimes au farouche Fouquier-Tinville, et défendit, entre autres accusés illustres, le général Miranda,
qu’il eut le bonheur de faire acquitter ; Brissot, Charlotte Corday et Marie-Antoinette. Dans la défense de Charlotte Corday, il se trouva à peu près réduit au silence par l’héroïsme de la prévenue, qui se glorifiait de ce qu’on lui imputait à crime. Cependant il remplit sa mission d’humanité autant que le permettaient les circonstances, et sans démentir ni son caractère ni l’opinion qu’il s’était formée comme citoyen sur l’assassinat de Marat. Il se borna à invoquer l’indulgence du tribunal en s’étayant du fanatisme politique et de l’exaltation sous l’empire desquels Charlotte Corday s’était rendue coupable d’homicide, ce qui le fit interrompre par cette jeune fille, qui tenait à ce que l’on considérât son action comme méditée et résolue dans le calme et sous les seules inspirations du civisme. Elle lui adressa après
sa condamnation les paroles suivantes : « Vous m’avez défendue d’une manière délicate et généreuse ; c’était la seule qui put me convenir ; je vous en
remercie, et je veux vous donner une preuve de mon estime. On vient de m’apprendre que mes biens sont confisqués ; je dois quelque chose à la
prison, je vous charge d’acquitter cette dette. » Chauveau-Lagarde ne manqua pas de remplir ce pieux devoir (juillet 1793). Quelques mois après le tribunal révolutionnaire le chargea d’office avec Tronçon-Ducoudray de la défense de Marie-Antoinette. Après le jugement de cette princesse, on les
arrêta l’un et l’autre pour les interroger sur les secrets qu’elle pouvait leur avoir confiés. Cet interrogatoire n’ayant produit aucun fait à leur charge, ils furent remis en liberté. Plus tard, malgré le crédit
de Coffinhal, qui le couvrait de sa protection, il fut de nouveau incarcéré et ne recouvra la liberté qu’après la chute de Robespierre. En 1797 il défendit devant une commission militaire l’abbé Brottier, accusé
de conspiration royaliste avec Dunand et la Villeheurnois.
En 1806, il fut nommé avocat au conseil
d’État ; mais, toujours voué à la défense des accusés
politiques, il fut, au mois de novembre 1815, l’avocat
de M. Joseph Darguines, lieutenant-colonel espagnol
qui, né Français, avait été pris les armes à la main
combattant contre la France. Malgré les efforts de
son éloquent défenseur, ce militaire fut condamné à
mort. Chauveau-Lagarde, ne regardant pas sa mission
comme accomplie, obtint d’abord de l’impératrice récente
Marie-Louise un sursis à l’exécution, et
secondé par les démarches d’un jeune avocat aujourd'hui
en réputation, M. Claveau, il finit par obtenir la grâce du condamné. Non-seulement il refusa les honoraires que son client lui avait destinés, mais
il lui ouvrit sa bourse. Chauveau-Lagarde en effet
poussait le désintéressement jusqu’à la générosité,
comme il portait le zèle pour ses clients jusqu’au
dévouement. Aussi, vivant d’ailleurs assez grandement,
il n’a pas laissé la fortune que sa grande
réputation pouvait faire supposer qu’il avait acquise.
En 1814, il adhéra à la déchéance de Napoléon, et
porta la parole au nom de son ordre pour féliciter
le roi Louis XVIII sur sa rentrée dans la capitale.
Il fut accueilli comme il devait l’être par tous les
membres de la famille royale, principalement par
madame la duchesse d’Angoulême, qui lui dit :
« Depuis longtemps je connais vos sentiments. »
Après la seconde restauration, toujours voué à la
défense des proscrits, il plaida pour le général Bonnaire.
(Voy. ce nom.) Il fit imprimer aussi une
notice historique sur la vie de son client. Le gouvernement
s’honora en appelant Chauveau-Lagarde à la cour de cassation. Il est mort à Paris, le 21 février 1811. On a de lui : 1° Théorie des états généraux, ou la France régénérée, 1789, brochure in-8° tellement rare que l’auteur dans ses dernières années nous exprima plusieurs fois le regret de n’en avoir pas conservé un exemplaire ; 2° Note historique sur les procés de Marie-Antoinette d’Autriche, reine de France, et de madame Élisabeth, au tribunal révolutionnaire, Paris, 1816, brochure in-8° ; 3° Exposé simple et fidèle de la conduite du général Bonnaire, ex-commandant de la place de Condé, etc., Paris, 1816, in-8° ; 4° Plaidoyer pour les sieurs Bissette, Fabien fils et Volny, condamnés à la marque et aux galères à perpétuité par la cour royale de la Martinique, Paris, 1826, in-8° ; 5° un grand nombre de plaidoyers et de mémoires sur des affaires civiles.
CHAUVELIN (Germain-Louis de), né en
1685, garde des sceaux de France, et secrétaire d’État
au département des affaires étrangères. Revêtu
de ces deux places importantes en 1127, il devint
le second et l’homme de confiance du cardinal de
Fleury ; il avait rempli avec éclat la charge d’avocat
général au parlement de Paris, connaissait les formes
et les lois du royaume, et était très-utile au
cardinal qu’il éclairait sur tous ces objets. Né avec
un génie actif et pénétrant, il porta la même supériorité
de lumières dans la direction des affaires
étrangères. À un esprit fin et délicat, il joignait un
abord facile et gracieux, un commerce charmant,
une conversation séduisante. Il était lié avec les plus
grands seigneurs de la cour ; savait se faire des amis
puissants, dont le crédit put le soutenir en cas de
disgrâce. Habile à découvrir ses ennemis, il déconcertait
leurs projets d’autant plus facilement qu’il
connaissait toutes les intrigues de la cour. Ses vues
étaient vastes, ses correspondances très-étendues. Il
était secret sans affectation ; sacrifiant une partie de
son sommeil aux affaires, et conséquemment très-expéditif,
il embrassait beaucoup d’objets et était
capable de suffire à tout ; il aimait les gens de mérite,
protégeait les arts, et s’occupait avec ardeur à
les faire fleurir ; enfin il était supérieur en tout au