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très-beaux. Lorsqu’il fut nommé professeur aux écoles de peinture et de sculpture, il se livra avec ardeur aux fonctions de renseignement. Il avait tant réfléchi sur son art, il l’aimait avec tant de passion, que c’était un bonheur pour lui d’en exposer la saine doctrine, et surtout d’en répandre le sentiment. Nommé membre de la quatrième class* de l’Institut en 1805, il fit partie de la commission du Dictionnaire de la langue des beaux-arts, et déploya dans les discussions de ce travail toute la sagacité et la justesse de son esprit, instruit, mais non lettré, il étonnait par la manière analytique avec laquelle il concevait et disposait les articles nombreux qui lui étaient échus. Chaudet est mort le 19 avril 1810, laissant une veuve qui s’est fait un nom parmi les femmes qui se sont adonnées à la peinture. A—s.


CHAUDON (Louis Maïeul, plus connu sous le nom de Dom), l’un des plus laborieux biographes du 18e siècle, était né le 20 mai 1757, à Valenssoles, diocèse de Riez. Après avoir achevé ses études aux collèges de Marseille et d’Avignon, il embrasse la règle de St-Benoit, dans la congrégation de Cluny. Le goût des lettres avait en partie décidé sa vocation ; et, comme la plupart des jeunes gens, il cultiva d’abord la poésie ; mais il y renonça bientôt pour se livrer entièrement à l’étude de l’histoire et de la chronologie. N’ayant pas tardé à s’apercevoir que le Dictionnaire de Ladvocat (voy. ce nom) laissait beaucoup à désirer, il entreprit de le compléter pour son usage. Celui de Barral (voy. ce nom) n’ayant point rempli son attente, D. Chaudon lit paraître en 1766 le Nouveau Dictionnaire historique, dont le succès surpasse toutes ses espérances. Contrefait presque immédiatement dans les pays étrangers et même en France, imité ou traduit dans plusieurs langues, tout concourut éprouver et l’utilité de l’ouvrage, et sa supériorité sur ceux qui avaient paru jusqu’alors dans le même genre. Quoique occupé sans cesse à revoir son dictionnaire, à le retoucher, et à l’améliorer, D. Chandon sut encore trouver le loisir de composer plusieurs écrits estimables. En 1767 il publia le Dictionnaire antiphilosophique, dans lequel, tout en rendant justice aux talents prodigieux de Voltaire comme écrivain, il repousse avec force ses attaques contre la religion. Il reçut à l’occasion de cet ouvrage des brefs très-honorables du pape Clément XIII, et plus tard du pape Pie VI ; mais il n’aurait point échappé aux sarcasmes de Voltaire s’il n’eût prudemment gardé l’anonyme. Deux ans après (1769), D. Chandon publia sous le masque de des Sablons l’examen des jugements portés par Voltaire sur quelques grands écrivains. Renonçant à la polémique, il conçut l’idée de la Bibliothèque d’un homme de goût ; mais, obligé d’ajourner l’exécution de cet utile ouvrage, il remit à son frère (voy. l’art. suivant) les matériaux qu’il avait déjà rassemblés, et se contente de le diriger dans ses recherches. La congrégation de Cluny ayant été supprimée en 1787, D. Chandon put alors rentrer dans le monde. Il habitait depuis quelque temps la petite ville de Mezin dans le Condomois, et ses amis l’engagèrent à s’y fixer. Étranger aux débats de la politique, il eut le bonheur d’échapper aux persécutions de la révolution ; mais elle lui enleva les trois quarts de sa petite fortune. Ce fut donc une nécessité pour lui, dans un âge avancé, de chercher des ressources dans la vente de son Dictionnaire, dont sept éditions étaient entièrement épuisées. Il en publia une huitième à Lyon en 1804, dans laquelle le supplément de Delandine (voy. ce nom) fut refondu, et qui contient d’ailleurs diverses améliorations. Le libraire Bruyset exigea que les deux noms fussent imprimés sur le frontispice ; mais Chandon n’y consentit qu’avec beaucoup de répugnance. Il prit, en 1810, par l’entremise de Bruyset, de nouveaux arrangements avec Prudhomme (voy. ce nom) pour la réimpression de cet ouvrage ; et il lui envoya son exemplaire chargé de notes et de corrections ; mais il n’eut d’ailleurs aucune part à cette édition, que Ginguené, l’un de nos collaborateurs, a caractérisée par ces mots : « C’est le recueil le plus complet de quiproquos biographiques que l’on connaisse. » Chandon reçut dans les dernières années de sa vie un témoignage flatteur de l’estime que lui portaient les habitants de Mezin : ils firent exécuter son portrait par un habile peintre, et l’inaugurèrent solennellement dans la salle des séances de la mairie. Quoique malade, Chandon s’occupait alors d’un ouvrage sur les locutions vicieuses, qui devait être le complément des Gasconismes corrigés de Desgrouais ; et il en a publié des fragments dans le Bulletin polymatique du musée de Bordeaux. Cet homme estimable mourut le 28 mai 1817, a 80 ans. Il était membre de l’académie des Arcadiens et de plusieurs sociétés littéraires. Outre une Ode sur la calomnie, 1756, et une aux Échevins de Marseille, 1757, in—4°, qui prouvent que Chandon n’était pas poète, on a de lui : 1° Lettre à M. le marquis de ***, sur un prédicateur du 15e siècle, 1755, in-4°. 2° Le Chronologiste manuel, Avignon, 1766, in-12 ; Paris, 1770. On a retranché de la 2e édition l’épitre dédicatoire à Trublet. 5° Nouveau Dictionnaire historique portatif, par une société de gens de lettres, Avignon, 1766, 1 vol. in-8°. L’abbé Saas, qui n’en connaissait sans doute pas l’auteur, le reproduisit en 1769, avec des corrections, à Rouen, sous la rubrique d’Amsterdam. D. Chaudon donna depuis sept éditions de son ouvrage, qu’il porta jusqu’à 8 volumes par des additions successives. L’édition de Lyon, Bruyset, 1801, a 15 vol.in-8° ; et celle de Paris, Prudhomme, 21, en y comprenant un vol. de supplément. Le dictionnaire de Chandon a servi de base à celui de Feller (voy. ce nom), à celui de Goigoux, et au dictionnaire italien de Bassano. 4° Dictionnaire antiphilosophique, 1767, 1769, 2 vol. in-8° ; réimprimé sous le titre d’Anti-Dictionnaire philosophique, etc., Paris, 1775 ; 4° édition, 1780. 2 vol. in-8°. 5° Les Grands Hommes vengés, ou Examen des jugements portés par Voltaire et autres philosophes, Lyon, 1769, 2 vol. in-8°. 6° L’Homme du monde éclairé, Paris, 1779, in-12. 7° Leçons d’histoire et de chronologie, Caen, 1781, 2 vol. in-12 ; ouvrage bien fait. 8° Nouveau Manuel épistolaire, 1783, et 1786, 2 vol. in-12 ; compilation surpassée par celle de Philippon de la Madeleine. 9° Éléments de l’histoire