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fit quelques campagnes, et se trouva à la bataille de Nerwinde. Revenu à Montpellier peu de temps après, il y devint le géomètre à la mode, et fut le premier associé de la société royale qu’il établit dans cette ville avec Plantade et le président Bon. Il fut aussi nommé, en 1702, correspondant de l’académie des sciences de Paris, à laquelle il avait adressé quelques mémoires. Il a le premier appliqué la trigonométrie rectiligne à la construction graphique de cadrans solaires, que Picard n’exécutait qu’au moyen de la trigonométrie sphérique. (Voy. le recueil de l’académie des sciences, année 1707.) Il avait fait le calcul de l’éclipse de soleil du 12 mai 1706, et avait trouvé plaisant d’en tracer la marche dans la forme et le style des ordres de route en usage pour les troupes. C’est la première éclipse totale qui ait été observée depuis le renouvellement de l’astronomie. L’obscurité ne fut complète à Montpellier que pendant 4’ 10". Clapies en publia l’observation à Montpellier,1706, in-4°, et fit paraître peu de temps après les Ephémérides, ou Journal du mouvement des astres pour l’année 1708, au méridien de Montpellier, in-8° de 105 p. Il avait aussi calculé celles de 1707, mais elles ne furent pas imprimées. Les états de Languedoc lui confièrent en 1712 la direction des chaussées du Rhône, et il fut nommé professeur de mathématiques en 1718. La ville de Tarascon, sur le point d’être submergée par le Rhône en 1721, lui fut redevable de sa conservation. Il a travaillé avec Plantade et d’Anisy à la description géographique de la province de Languedoc. Après plusieurs autres travaux, relatifs au canal de Provence, aux routes du Languedoc, etc., il mourut le 10 février 1710, âgé de 69 ans. Outre quelques observations qui se trouvent dans la collection de l’académie des sciences, on a de lui une Dissertation sur les diverses apparences de la lune éclipsée, Montpellier, 1710, in-4°, et plusieurs mémoires insérés parmi ceux de la société royale de Montpellier. Son éloge, par de Rate, se trouve dans les mêmes mémoires, et on en fit un extrait dans les Mémoires de Trévoux, février 1717.

C. M. P.


CLAPIES (Charles), docteur en médecine, né a Alais le 26 octobre 1721, publia sous le titre de Paradoxes sur les femmes, ou l’on tâche de prouver qu’elles ne sont pas de l’espèce humaine, 1766, in-12°, la traduction du livre singulier, Mulieres homines non esse. (Voy. Acidalius et Gédik.) Le traducteur l’a enrichi de notes, et en a retranché un petit nombre de traits qui ne portaient que sur les opinions des sociniens et des anabaptistes. Il est mort à Alais, le 7 septembre 1801.

V. S—L.


CLAPMARIUS (Arnold Clapmaier, en latin), écrivain politique, naquit en 1571, à Brême, d’une famille honorable. Après avoir fait d’excellentes études, il visita l’Allemagne, l’Angleterre et les Pays-Bas, pour perfectionner ses connaissances. Il voulut être soldat, afin d’apprendre par lui-même les règles de la discipline, et vint ensuite à Altdorf, où il reçut le doctorat, dans la faculté de jurisprudence, à vingt-six ans. Nommé professeur de droit public à la même académie, il fut chargé de régler des différends qui s’étaient élevés entre la ville de Nuremberg et les princes voisins. L’étendue de son savoir, l’habileté qu’il montra dans cette négociation et son ardeur pour l’étude, lui promettaient de brillants succès, lorsqu’une mort prématurée l’enleva, le 1er juin 1604, à l’âge de 30 ans. Son père, malheureux de lui survivre, exprima ses regrets et sa douleur dans une touchante épitaphe, que Kœnig a insérée dans la Bibliotheca vetus et recens. On a de Clapmaier : 1° de Arcanis rerum publicarum libri sex. Cet ouvrage n’est pas, comme on pourrait le supposer d’après le titre, un traité des secrets ou des coups d’État. C’est une suite de tableaux du gouvernement de Rome, entremêlée de réflexions ordinairement assez communes. Il n’en a pas moins joui du plus grand succès en Allemagne pendant tout le 17e siècle, comme on peut en juger par les nombreuses éditions qui en ont été faites, la plupart accompagnées de notes et d’additions de J. Corvin, de Martin Schonck, de J.-Chr. Sagitarius, etc. Les éditions d’Amsterdam, 1611 ou 1644, in-12, sont encore recherchées parce qu’elles font partie de la collection des Elzevirs. 2° Nobilis adolescentis Triennium : quomodo studiosus humaniorum litterarum triennio animum juxta ac sermonem feliciter excolere possit. C’est une lettre de Clapmaier à un de ses amis qui lui avait demandé des conseils. Elle a été imprimée avec l’ouvrage de Berman : Manufactio ad linguam latinam, Wittemberg, 1611, in-8° ; avec celui de Christophe Colérus : de Ordinando Studio política, Leyde, Elzevir, 1610, in-12 ; dans le recueil intitulé : H. Grotii et aliorum Dissertationes de studíis instituendís, Amsterdam, 1645, in-12 ; enfin avec des notes de l’éditeur, dans l’ouvrage de Thomas Crenius : de Eruditione comparanda.

W-s.


CLAPPERTON (Hugues), célèbre voyageur anglais, naquit en 1788, à Annan, ville du comté de Dumfries, en Écosse. Sa famille, assez ancienne, paraît avoir eu quelque illustration dans l’Église et dans l’armée ; mais son père George Clapperton, n’était qu’un simple chirurgien de la petite ville d’Annan. Hugues ne reçut aucune instruction classique : seulement, lorsqu’il sut a peu près lire et écrire, on lui apprit un peu de mathématiques considérées surtout dans leur application à la théorie de la navigation. Il montra une aptitude assez remarquable pour ce genre d’étude qui préparait sa destinée de voyageur ; et dès lors il fit preuve de qualités non moins essentielles pour cette rude vocation, c’est-à-dire d’une bonne santé et d’un tempérament de fer qu’aucune variation de l’atmosphère ou des saisons ne pouvait atteindre. À dix-sept ans, il s’embarqua, comme novice, à bord d’un navire de fort tonnage, qui faisait le commerce entre Liverpool et l’Amérique du Nord, et il traversa ainsi l’Atlantique à plusieurs reprises, se faisant distinguer entre tous ses compagnons par son sang-froid, son adresse et son intrépidité. Dans un de ses séjours à Liverpool, il fut arrêté pour une légère contravention aux lois de douanes, et n’échappa à un emprisonnement dont il était menacé qu’en prenant du service sur un bâti-