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grand nombre contre lui, et nommer-ent un betman disposé en faveur de la Russie. L’annce 1662 fut remarquable par une bataille entre les deux hetmans à Kaniel. George fut vaincu. Reconnaissant son insuffisance pour le poste difficile qui lui était assigné, il abrlîqua et alla s’enfermer dans un couvent. Il n’avait que vingt-deux ans. Les Cosaques Polonais élurent à sa place Paul ’I’étera, son cousin. G-Y.


GIODKIEWICZ (Cttanuzs, comte nn), né en 1560, était fils de Jean, palatin de Wilna, qui avait conquis la Livonie, dont il devint gouverneur. Cltodkietvicz parcourut, dans sa jeunesse, la plus grande partie de l’Europe, et puisa les principes de l’art utilitaire dans la société des plus illustres guerriers. De retour dans sa patrie, plus d’une lois, avec Zolknvvski, il apaisa les révoltes des Cosaques, et eut une grande part aux victoires que Zaymoyslti remporta sur Michel, prince de Valachie. Sigismond III lui confia, en 1600, la charge de grand maréchal de camp de Lithuanie. Durant la guerre de Suède, il veilla à la conservation de la Livonie. Souvent vainqueur, jamais vaincu, il se concilia l’estime et la reconnaissance de son roi et de son pays. À la bataille de Kircltolni, il délit avec 5,700 Polonais l’armée suédoise forte de 14,000 hommes, commandés par Charles IX en personne ; 9,000 lurent tués ou faits prisonniers. Le roi fut obligé de lever le siège de Riga, et eut beaucoup de peine a se sauver. Cette victoire valut si Chodkiewicz les félicitations de plusieurs souverains. Les allaires ayant pris à Moscou, en 161 l, une tournure défavorable à la Pologne, Sigismond appela, pour les rétablir, Chodltiesvicz, qui déploya inutilement toute son activité. Le tombeau du czar Szuyslti, mort prisonnier de guerre des Polonais, lut le seul monument durable des exploits de Zotkietvslti et de Chodkicwiez. Les Russes, après avoir repris Moscou, voulurent s’emparer de Smolensk. Chodkievvicz lit échouer leurs projets, et obtint ensuite d’autres avantages qui valurent a la Pologne la cession de plusieurs districts en 1619. La guerre contre les Turcs, qui venait d’éclater, avait été funeste aux Polonais. Ils confièrent leur sort à Chodkiewicz ; il fut proclamé a l’unanimité, par la diète, chef de Pespédition, et reçut des mains du roi le bâton de grand général de la couronne. Il était alors grand général de Lithuanie : ce lut l’unique exemple de la réunion de ces deux dignités en une même personne. Choillsiewicz, ayant sous ses ordres lllatlislas, fils du roi, 50,000 Polonais et 53,000 Cosaques Zaporogues, prit position dans un camp retranché près de Chocim. Le sultan Osman vint l’attaquer à la tête de 400,000 hommes, et fut plusieurs fois battu, notamment le 7 septembre 1621, ou le héros polonais, avec sept cent vingt cavaliers, mit en déroute 16.000 Turcs, qui perdirent 6,000 hommes. Malgré ce succès, la disette qui se faisait sentir dans formée polonaise lit naître une révolte. La maladie du chef enhardissait les mutins ; ils disaient hautement qu’il fallait se retirer au delà du Dniester. Le général frémissant de cette proposition, qui tendait a perdre la Pologne, s’avisa d’un stratagème qui sativa l’honCHO neur de son armée et l’existence ne sa patrie. Il flt venir auprès de son lit les principaux guerriers, et, en présence d’Uladislas, leur conseilla, d’une voix à demi éteinte, de prendre la fuite. À Pour moi, e ajouta-t-il, vous me laisserez dans le camp, aliu « que mon tombeau se joigne à ceux de nos ancétres morts glorieusement dans cette contrée. n Les Polonais, saisissant l’intention de leur général, jurèrent avec enthousiasme de mourir plutôt que de devoir la vie à une fuite ignominieuse. Heureux d’avoir reçu un pareil serment, Chodkiewicz mourut peu de jours après, le 23 septembre 1621. Indépendamment de ses Ilents militaires, il était très-versé dans la connaissance des langues mortes et vivantes, et dans les sciences mathématiques. Jamais il ne reçut une blessure, jamais il n’essuya un échec. Les Polonais citent avec orgueil Chodkiewicz parmi les héros qui ont illustré leur patrie. Sa vie, en 2 vol., écrite par Adam Narusewicz, évêque du Luck, est un des meilleurs ouvrages de la littérature polonaise. E-s.


CHODOWIECKI (Daniel-Nicolas), peintre et graveur, naquit à Dantzick, le 16 octobre 1726. Son père, qui était marchand de drogues, voulut l’élever pour le même commerce. Cependant, comme il avait appris lui-même la miniature, il enseigna à son fils tout ce qu’il savait, et le jeune Chodowiecki commençait à faire sa principale étude de ce qui ne lui était enseigné que pour le distraire de travaux plus utiles, quand son père mourut. Resté très-jeune encore à la charge d’une mère sans fortune, il fut placé chez un épicier, où il était occupé des détails du commerce depuis six heurts du matin jusqu’à onze heures du soir. Chodowiecki, qu’un goût décidé pour le dessin appelait vers d’autres occupations, souffrait de cette contrainte, et surtout de la position de sa mère, qu’il voyait dans le besoin. L’espoir de lui procurer par ses dessins quelques secours l’enchaîna au travail ; pendant la nuit, retiré dans sa chambre, il y travaillait jusqu’à quatre heures du matin. Il ne tarda pas à faire des dessins dignes de l’attention des amateurs ; mais il fut obligé de quitter son épicier, par suite du mauvais état où le commerce était tombé. Privé plus que jamais des moyens de subvenir aux besoins de sa mère, il fut envoyé en 1745 à Berlin, chez un oncle où il finit son apprentissage en fréquentant les foires comme teneur de livres. À ses heures de loisir, il peignait en miniature de petits sujets sur des tabatières qu’il vendait à des marchands de Berlin. Son oncle, qui trouvait des avantages dans ce nouveau genre de commerce, pensa qu’il le rendrait encore plus lucratif si son neveu connaissait les procédés de la peinture en émail et lui faisait un grand nombre de bottes émaillées. Chodowiecki ignorait encore les principes de la composition, lorsque le hasard lui fit voir des figures académiques et d’autres dessins. Il renonça dès lors a peindre les tabatières que son oncle vendait, se livra tout entier à de nouvelles études, et ses premiers essais dans ce genre ne tardèrent pas à fixer les regards des artistes les plus distingués ; ce fut surtout une petite gravure exécutée en 1756, et