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à dessein. » (Biblioth. française, t. 1er, p. 565.) 8° De l’antiquité de Notre-Dame de la Daurade à Toulouse, et autres antiquités de cette ville, illustrées de diverses observations et singularités remarquables, ibid., 1621, petit in-8°. Cet ouvrage ne fut publié qu’après la mort de l’auteur. 4° De l’État et Police de la même église, ibid., 1625, in-8°, ouvrage posthume. 5° Opuscula varia de rebus ecclesiasticis et moralibus, Bordeaux, 1620, in-8°.

W-s.


CHABANNES (Antoine de), comte de Dammartin, grand maître de France, frère de Jacques Ier[1], favori de Charles VII et de Louis XI, fut d’abord page du comte de Ventadour, puis du brave Lahire : il fit ses premières armes contre les Anglais, au siège de Verneuil, et se distingua au siège d’Orléans, en 1428. Il fut adjoint à Charles de Bourbon, comte de Clermont, pour le gouvernement de l’île de France et du Beauvoisis ; partagea les exploits de Jeanne d’Arc, sauva Lagny et Compiègne, et, s’étant réuni à Lahire, ravages l’Artois, le Cambrésis, le Hainaut, et la Picardie, soumise aux ennemis de l’autorité royale. À la suite de ces guerres désastreuses, les brigands connus sous le nom d’écorcheurs désolaient la France, portant partout le pillage et l’incendie. Chabannes, au lieu de s’opposer à leurs ravages, se mit à leur tête, parcourut avec eux la Bourgogne, la Champagne, la Lorraine, et porta la terreur de ses armes jusque sous les murs de Bâle, ou le concile était assemblé. Chabannes quitta ces brigands en 1459, épousa Marguerite de Nanteuil, qui lui apporta en dot le comté de Dammartin, et s’attacha dès lors à Charles VII, qu’il servit avec zèle. Ce prince l’ayant un jour salué du titre de capitaine des écorcheurs, il lui répondit, avec plus de hardiesse que de vérité : « Je n’ai jamais écorché que vos ennemis, et il me semble que leur peau vous a fait plus de profit qu’à moi.» Irrité du propos du roi, Chabannes s’en vengea en engageant le dauphin à se joindre aux mécontents dans la guerre de la Praguerie ; mais a la paix il revint en faveur. En 1416, il fit rentrer dans le devoir le comte de St-Paul, qui méconnaissait l’autorité royale. Il rendit un service plus important au roi, en lui révélant la conjuration parricide du dauphin (depuis Louis XI). Charles lit venir son fils ; qui traita Chabannes d’imposteur, et lui donna un démenti « Je sais, répondit Chabannes, le respect que je dois au fils de mon maître ; mais je suis prêt à soutenir par les armes la vérité de ma déposition contre tous ceux de la maison du dauphin qui se présenteront.» Personne ne se présenta. Chabannes présida la commission qui fut chargée de juger Jacques Cœur, et l’histoire lui reproche de s’être fait adjuger, à vil prix, plusieurs terres du condamné. Louis, rebelle contre son père, avait assemblé des troupes aux environs de Valence. Chabannes fut chargé de soumettre le Dauphiné, et de s’assurer de la personne du dauphin. Le Dauphiné fut soumis, mais Louis s’évada, feignant un pèlerinage à St-Claude. Cependant Charles VII mourut en 1161 ; Louis XI monta sur le trône, et la disgrâce de Chabannes fut bientôt aussi grande que l’avait été sa faveur. Sa charge de grand maître de France fut donnée à Antoine de Croÿ. Déjà Chabannes s’était soustrait, par la fuite, à la haine de son nouveau maître. Il trouva des amis généreux. Rouhault, maréchal de Gamaches, le duc de Bourbon, et les seigneurs les plus vertueux de la cour osèrent élever la voix en sa faveur. Il sortit enfin de sa retraite, et, fort de son innocence, il vint tomber aux pieds de Louis, le conjurant de le faire juger selon toute la rigueur des lois, sans consulter sa miséricorde. Le monarque fut inflexible, et lui commanda de sortir du royaume. Il se retira en Allemagne ; ses biens furent saisis. La comtesse, son épouse, se vit réduite à chercher un asile chez un de ses fermiers. On instruisit le procès de Chabannes ; sommé de comparaître, il revint en France, et se constitua prisonnier à la Conciergerie, d’où on le transféra à la tour du Louvre. Il fut déclaré criminel de lèse-majesté. Louis XI, voulant préférer miséricorde à justice, commua la peine capitale en un bannissement perpétuel, en lui assignant l’île de Rhodes pour le lieu de son exil ; mais bientôt, changeant de résolution, le monarque le fit renfermer à la Bastille. Ses biens furent partagés entre les favoris. En 1465, il s’échappa de sa prison, alla se joindre aux princes révoltés contre le roi, et, la même année, le traité de Conflans le rétablit dans ses biens. L’année suivante, il se réconcilia avec Louis, qui ajouta à la restitution de ses terres la seigneurie de Gonesse, et plusieurs autres propriétés. Son procès tut revu, l’arrêt de sa condamnation cassé ; et, afin que sa justification partit plus éclatante, ce fut à Tours, pendant la tenue des états, en 1468, que le monarque la proclama par des lettres patentes. Dès lors, par un des plus singuliers jeux de la fortune, Chabannes devint l’intime confident de Louis XI. Bientôt il fit déclarer la guerre au duc de Bourgogne, obtint le commandement de l’armée, et, lorsque Louis, lors de l’entrevue de Péronne, se trouva prisonnier de son vassal, et qu’il se vit réduit à commander à Chabannes de licencier les troupes, Chabannes, interprétant les volontés secrètes de son maître, sauva le roi et la monarchie en restant À la tête de 868 soldats. Louis lui écrivit bientôt après : « Monsieur le grand maître, mon ami, vous m’avez bien montré que m’aimez, et m’avez fait le plus grand service que pourriez faire. » Lorsque le monarque institua l’ordre de St-Michel, en 1169, Chabannes fut compris dans la première nomination, ainsi que Gilbert de Chabannes, seigneur de Curton et sénéchal de Guienne. Lorsque Louis XI envoya le collier de son ordre au duc de Bretagne, ce prince répondit « qu’il ne voulait point tirer au collier avec Chabannes » Cette injure était déplacée. Cha-

  1. Jacques Ier de Chabannes, grand maître de France, mourut le 20 octobre 1458, des blessures qu’il reçut au siège de Castillon, dans le combat où le brave Talbot et son fils turent tués. (Voy. sa vie par Duplessis, Paris, 1617, in-8°, et les Vies des hommes illustres de Thevet.) — Un autre Chabannes (Antoine de), évêque du Puy, fut arrêté par ordre de François Ier, comme complice du connétable de Bourbon.