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CAR à la juridiction ordinaire qui persistait à les retenir. On exhuma une ancienne loi de l’an 5, et ce fut en vain que Caron et Roger déclinèrent la compétence du tribunal militaire : un nouvel arrêt (22 août) conürma le premier ; et tous deux parurent comme accusés d’embauchage pour les rebelles devant un conseil de guerre. Les débats durèrent cinq jours : ils s’ouvrirent le 15 septembre, et le jugement fut rendu le 22. Les sous-officiers, devenus officiers, déposèrent de tous les détails qu’on vient de lire ; et le conseil fut unanime pour la mort. Le conseil de révision ne réforma point l’arrét. Caron était à table lorsque le rapporteur lui fut son arrêt ; après l’avoir entendu, il continua son repas. Il écrivit à son défenseur et à sa femme deux billets, modèles de calme et de fermeté. Deux ecclésiastiques lui offirent successivement leurs secours spirituels : il les refusa. Le lendemain il monts dans une voiture de louage, en descendit sans le secours de personne sur la place de Finckmatt, refusa de se laisser bander les yeux, de se mettre à genoux, et, debout, donna le signal du roulement et commanda le feu (1" octobre 1822). Depuis trois jours Caron avait cessé d’exister, et l’on débattait encore sa vie ou sa mort devant les tribunaux. Dans l’intervalle des deux jugements militaires, M. Immbert lui avait fait recommander de se pourvoir en cassation. Les 27, 28, 29 septembre il épuisa près du tribunal, prés du ministère tous les moyens pour faire admettre la requête. Il se préparait à plaider le 4 octobre, lorsque, dans la soirée du 5, le télégraphe annonça que Caron avait subi sa peine. Le lendemain la cour déclara qu’il n’y avait lieu à statuer, attendu que le pourvoi n’avait pas été régulièrement dénoncé. Roger, déclaré coupable par quatre voix sur sept, allait être renvoyé absous, lorsqu’il fut repris par le procureur du roi de Colmar comme prévenu de complot et d’attentat contre le gouvernement, distrait de ses juges naturels pour cause de suspicion légitime, c’est-àdire parce que des juges de Colmar ne Peussent point condamné, et renvoyé devant la cour de Metz, qui, moins indulgente que le conseil de guerre, prononça aussi la mort contre lui. La clémence royale commua cet arrêt en vingt années de travaux forcés ; et peu de temps après il recouvra sa liberté. Madame Caron fut mise en liberté par arrêt de la chambre d’accusation. On a sur Caron, outre les nombreuses relations des journaux politiques contemporains : 1° Procés d’A.·J. Caron, lieutenant colonel en retraite, et de F.-D. Roger, écuyer, etc., Strasbourg, 1822, in-8° de 207 p. 2° Courtes Réptexions d l’appui du pourvoi en révision formé par A.-J. Caron, etc., Strasbourg, 1825, in-1°. 5° Relation circonstanciée des événements qui ont eu lieu d Colmar et dans les villes et communes environnantes, publiée par M. Kœchlin, député du Haut-Rhin, suivie de la pétition adressée aux chambres par cent trente-deua : citoyens du département. Cetouvrage, qui dévoilait des faits cachés par le huis-clos du conseil de guerre, donna lieu à des pour mites contre l’auteur, l’imprimeur, et même les,

CABOTO 54 journalistes qui essayèrent d’en rendre compte (4). M. Kœchlin subit six mois de prison et puya 5,000 francs d’amende. L’imprimeur Heitz perdit son brevet. l° Mémoires et Plaidoyers de M° Barth : pour M. Koechlin. 5° Réponse à l’accttsation dirigée cts nom de quelques fonctionnaires du Haut-Rltiss contra M. Kœchlia, au sujet de sa relation, etc., 1825, in-4°*. Vu., P.

CARONDELET (Jean de), fils de Jean de Charonde, chancelier de Bourgogne, que la petitesse de sa stature fit appeler Carondelet, Naquit a Dôle en 1499. Dès l’an 1503, il remplit les fonctions de conseiller ecclésiastique au conseil souverain de Malines. Les Bourguignons jouissaient à cette époque de la haute faveur de Charles-Quint, témoin les Carondelet, les Grancelle, les Boisot, les Richardot, les Bonvalot, etc. De Malines, Carondelet passa à Bruxelles, où il présidait le conseil ecclésiastique en 1527. Il fut encore, entre autres dignités, revêtu de celles d’archevêque de Palerme, de primat de la Sicile, de chancelier perpétuel de Flandre, et de secrétaire de l’Empereur. Il conserva ces dernières places jusqu’en 1540, où son grand âge le détermina à renoncer aux affaires publiques. Il n’est pas indifférent d’ajouter à tant de titres celui d’ami d’Erasme ; la preuve en est dans les lettres que lui a adressées ce grand homme, et dans la dédicace qu’il lui fit de son St. Hilaire, en 1522. Carondelet mourut à Malines, le 8 février 1544, âgé de 75 ans. Il avait laissé manuscrits quelques traits sur différentes questions de droit; mais suivant le P. Laire, on a imprimé en 1565, à Anvers, in-8°, un ouvrage de lui, intitulé : de Orbis Situ. Le P. Laite assure avoir vu un exemplaire de cet ouvrage dans la bibliothèque du Vatican : nous ne connaissons aucun autre bibliographe qui en fait mention. Foppens, dans sa Bibliotheca Belgica, nous a conservé son portrait, et l’épitaphe inscrite sur son monument à Bruges, dans l’église de St-Donatien, dont il était recteur.

M—ON et W—s.

CAROTO (Jean-François), peintre d’histoire et de portrait, né à Vérone en 1470, apprit les principes du dessin de Libérale Véronèse ; puis il alla p se ranger à Mantoue parmi les élèves d’André Mani tèque. Il acquit à cette école une pureté de dessin et une hardiesse de pinceau si remarquables, qu’il égala et surpassa quelquefois son maître, au point q que. beaucoup de ses compositions étaient attribuées à celui-ci. Comme Caroto se livrait principalement ’ (4) On lit dans cet ouvrage cette note, qui donne toutefexpllestlon l de la conduite en apparence si imprudente de Caron. Il s dit un jour p à son sml Roger : tt Notre idée de sauver les malheureux prisonniers i « (de Belfort) a recu, presque malgré nous, une haute importance. Plus fy réfléchis, plusse reconnais quememe si tout allait a notre et gré, nous manquerions notre but, puisque nous ferions plus de tr mal que de bien à ces prisonniers, qui, la veille de leur juges ment, ne vcutmteut peut-être pas nous suivre. vous avec de ta famille et uns vieille mère à nourrir : restes chez vous. Quant a nous, sl les coujurés m’ont dit la vérité sur l’esprit deleur réglc ment, s’lls sont de franc jeu, je leur dois ma vie : l’honneur, les u engagements que j’al pris le réclament : ils peuvent s’être comu promis. 8’lls me trompent, j’sl la cpnsolstlon, en portant ma tête i « sur l’échafaud, ds montrer l’tafsmie ds cet ! qui dont fait passserpuuruuvilscentdelapolice.a D-•-a.