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sa prompte mort et le meurtre de son roi. Candaule fut assassiné, et Gygès devint possesseur de sa femme et de son royaume. Quelques auteurs ont pensé qu’une passion secrète de la reine avait eu autant de part que la faute de Candaule à la subite élévation de Gygés. Quoi qu’il en soit, l’action de la reine de Lydie, vengeant l’affront fait à sa pudeur, a trouvé des apologistes dans St. Jérôme et dans Agathias. Plutarque et d’autres historiens rapportent d’une manière bien différente la révolution qui plaça Gygės sur le trône de son maître. Il se révolta contre lui, et ce fut les armes à la main, avec le secours des Cariens, qu’il vainquit Candaule, et le tua sur le champ de bataille, vers l’an 710 avant J.-C. Ce prince avait régné 18 ans. Il fut le dernier roi de la mai- son des Héraclides, qui, suivant Hérodote, régné- rent, sans interruption, pendant un espace de cinq œents années et dans le cours de vingt-deux géné- rations. ( Voy. les Recherches sur les rois de Lydie el sur les rois de Carie par l’abbé Sévin, dans les Mémoires de l’académie des belles-lettres, t. 5, p. 252 et suiv., et t. 9, p. 124-128.) V-VE.

CANDAULE. Voyes CANDOLLE.


CANDEILLE (PIERRE-JOSEPH), né le 8 décembre 1744, à Estaires dans la Flandre française, vint à Paris, où il fut engagé, en 1767, comme bassetaille coryphiée dans les chœurs de l’Opéra. Il se retira en 1784, avec une pension, voyagea en Italie et en Allemagne, rentra à l’Opéra en 1800 comme chef du chant et professeur, fut supprimé en 1802, rappelé en 1804, et définitivement réformé le 15 mai 1805, avec une pension plus forte. Retiré à Chantilly, il y mourut le 27 avril 1827, dans sa 85° année. Ses œuvres musicales sont des motets exécutés au con- cert spirituel, et cinq opéras joués à l’Académie royale de musique:1° les Fétes de Thalie, 1778 ; 2º Laure et Pétrarque, 1780; 3º Pisarre, ou la Con quête du Pérou, en 3 actes, 1785. Cette pièce n’eut que neuf représentations, et fut jouée encore quel- quefois en 1791, réduite en 4 actes. 4° Castor el Pollux, en 3 actes, eut cent cinquante représenta- tions de 1791 à 1799, et vingt autres à sa reprise de 1814 à 1817. Candeille, en refaisant la musique de cet opéra de Bernard, n’a conservé que trois morceaux de Rameau. Son ouvrage, of figurent des demi-dieux, eut l’honneur de se maintenir au répertoire à une époque où les rois étaient bannis de la scène. L’Apothéose de Beaurepaire, ou la Pa- trie reconnaissante, ne fut joué que trois fois en 1795. Candeille a laissé quatorze autres opéras non représentés[1].


CANDEILLE (AMÉLIE-JULIE), comédienne, connue aussi dans les fastes de la musique et de la littérature, sous les noms de Simons-Candeille et de Périé-Candeille, naquit à Paris, le 31 juillet 1767. Elle eut son père pour premier maître de musique (voy. l’article précéd.), et ses progrès furent si rapides, qu’à l’âge de treize ans elle se fit applaudir au concert spirituel comme cantatrice, harpiste, pianiste et compositeur, dans une cantate et un concerto dont on la disait auteur. Elle débuta, en avril 1782, à l’Opéra, dans le rôle d’Iphigénie en Aulide de Gluck, fut immédiatement reçue, et joua l’année suivante celui de Sangaride dans l’Atys de Piccini. Mais une incongruité qui lui échappa, dit-on, un jour sur la scène, la rendit si honteuse, qu’elle en tomba malade, et quitta le théâtre. Toutefois des revers de fortune déterminèrent ses parents à l’y faire reparaître. Les leçons de Molé l’ayant mise en état de jouer, en 1785, à la Comédie-Française, Hermione dans Andromaque, Roxane dans Bajazet, et Aménaide dans Tancrède, malgré les médiocres succès qu’elle y avait obtenus, elle fut reçue sociétaire à quart de part la même année, par la protection du baron de Breteuil, ministre de la maison du roi, et sur un ordre de Louis XVI, qui l’avait vue au théâtre de la cour dans Ariane. Quoique mademoiselle Candeille eût bien la taille imposante de Melpomène, cependant la délicatesse de ses traits, l’expression de sa physionomie, ses cheveux blonds, ses yeux bleus, la blancheur de son teint, la rendaient peu propre au genre tragique. Aussi, cédant aux conseils de Préville et de Monvel, elle crut devoir se borner à la comédie, qui semblait lui promettre des succès plus certains et plus durables. Mais pendant les cinq ans qu’elle passa au Théâtre-Français, réduite à doubler ses chefs d’emploi et ses rivales, ou à ne jouer que des rôles insignifiants, elle y aurait constamment végété si elle n’eût voyagé et cultivé à la fois ses dispositions littéraires et son talent musical, qui déjà l’avait placée au premier rang des amateurs. Monvel, revenant de Suède, vit à Lille mademoiselle Candeille, et la détermina, en 1790, à le suivre aux Variétés du Palais-Royal, où elle obtint un traitement double de ce que lui rapportait son quart de part au théâtre du faubourg St-Germain : elle eut de plus un intérêt dans l’administration du nouveau spectacle, qui, recruté bientôt par l’arrivée de Talma, Dugazon, Grandmesnil, madame Vestris et quelques autres transfuges de la Comédie-Française, prit, en 1791, le titre de Théâtre de la rue de Richelieu, puis, en 1793, celui de Théâtre de la République. Mademoiselle Candeille y parut avec avantage dans plusieurs rôles de coquettes des pièces de Marivaux, de Destouches, etc., dans la rieuse de l’Amant bourru, etc. Elle en créa quelques-uns, entre autres celui de la Jeune Hôtesse, où elle chantait, en s’accompagnant sur la harpe, un air dont elle avait composé la musique. Ce rôle, un peu faux, fit plus d’honneur à son talent que la pièce n’en avait fait à celui de l’auteur. (Voy. FLINS DES OLIVIERS.) Toutefois, il faut le dire, malgré tous les dons physiques dont la nature avait comblé mademoiselle Candeille, malgré son intelligence, son esprit, sa diction pure et soignée, et l’art qu’elle mettait dans tous ses rôles, elle semblait dépourvue de sensibilité ou du moins des moyens de l’exprimer et de la communiquer sur la scène. Sa voix,

  1. « Dans tous ses ouvrages, dit M. Fétis ( Diction, hist, des a music.), Candeille ne se montre pas un compositeur de génie ; « il n’y a pas de création véritable dans sa musique ; mais on y « trouve un sentiment juste de la scène, de la force dramatique et « de beaux effets de masses. D