roi d’Angleterre, Édouard IV, chef de la maison d’York, et allié du duc de Bourgogne. En 1472, il contribua à accabler le comte d’Armagnac en Guyenne. On le voit encore, dans les années 1474 et 1475, servir en Normandie et en Picardie contre le duc de Bourgogne. En 1475, il fut un des négociateurs du traité de Pecquigny avec Édouard IV, qui avait fait une descente en France. Après la mort du duc de Bourgogne, Charles le Téméraire, en 1477, le bâtard de Bourbon fut chargé par le roi de se saisir de la Picardie bourguignonne, et fut nommé gouverneur de cette province. Il mourut le 16 janvier 1488. On a conservé de lui, dit l’historien Désormeaux, un sceau très-curieux qui indique sa dignité d’amiral. Il laissait de son mariage un fils, Charles de Bourbon, comte de Roussillon, qui servit dans l’armée que le roi Louis XII envoya dans l’île de Mételin (Lesbos) en 1501, et qui mourut sans postérité a la fleur de son âge. D-R-R.
BOURBON (Matthieu de), surnommé
le grand Bâtard de Bourbon, seigneur de Bothéon, baron
de la Roche en Renier, était fils du duc de Bourbon,
Jean II ; il fut conseiller et chambellan du roi Charles VIII, gouverneur de Guyenne et de Picardie,
maréchal et sénéchal du Bourbonnais, chevalier de
St-Michel. Il avait commencé à se distinguer dans
les dernières guerres de Louis XI. Dans la guerre
contre Maximilien, roi des Romains, sous la régence
d’Anne de Beaujeu, il combattit avec gloire
en Picardie, sous les ordres du maréchal des Querdes.
Il fit des prodiges de valeur au combat du
Quesnoy (1477), où furent faits prisonniers le duc
de Gueldres et les comtes de Nassau et de Bossu,
généraux du roi des Romains. Charles VIII, en prenant
l’autorité, ne songeait qu’à des expéditions chevaleresques :
il choisit le grand bâtard pour le premier
des neuf preux qui devaient l’accompagner en
Italie. Emporté par son cheval dans les escadrons
ennemis, le bâtard fut fait prisonnier a la bataille
de Fornoue. Il mourut en 1505. D-R-R.
BOURBON-CONDÉ (Louis, duc de), fils de Henri-Jules,
prince de Condé, et d’Anne de Bavière, ne en 1668, grand maître
de France, chevalier des ordres du roi, et gouverneur de Bourgogne
et de Bresse, fit preuve de cette valeur héréditaire dans
les princes de son nom, et célèbre dans l’histoire,
même avant que le grand Condé, son aïeul, eût
mérité d’être place au rang des plus grands capitaines ;
mais il n’eut jamais de commandement en chef.
Il se trouva au siège de Philisbourg, sous les ordres
du grand dauphin, suivit le roi, en 1669, à celui de Mons, et,
en 1692, à celui de Namur. Il se signala aux batailles de
Steinkerque et de Nerwinde, fit la campagne de Flandre en 1094,
et mourut subitement à Paris, le 4 mars 1710,
dans sa 42e année. F-E.
BOURBON (Louis-Henri, duc de) et d’Enghien,
fils du précédent, né à Versailles, en 1692,
fut nommé chef du conseil de régence pendant la
minorité de Louis XV, surintendant de l’éducation
de ce monarque, et devint premier ministre après
la mort du duc d’Orléaus, arrivée le 2 décembre
1723. On le désigne ordinairement par le titre de
M. le Duc. Il avait servi avec distinction dans les
dernières guerres que fit Louis XIV ; mais, quoiqu’il
fût généreux, affable, ami et protecteur des
lettres, il ne laissait entrevoir aucun des talents nécessaires
pour gouverner, et il ne dut qu’à sa naissance
le rang de premier ministre. La marquise de Prie, sa maîtresse,
femme intrigante, sans dignité, pensionnée par l’Angleterre,
comme l’avait été le cardinal Dubois, se croyait capable
de tout conduire parce qu’elle se mêlait de tout,
et ne se doutait pas qu’elle était elle-même menée
par Pâris-Duverney, assisté de ses trois frères. Ces Pâris,
qui avaient fait une fortune considérable dans les vivres,
étaient hors d’état d’embrasser le système des finances d’un
royaume dont les ressources sont inépuisables, quand
il est bien administré ; ainsi la France se trouva
soumise aux caprices d’une femme dont l’arrogance
surpassait encore la beauté, et aux calculs de financiers
étrangers à tous les principes d’une bonne administration.
La marquise affectait de paraître insensible
aux satires publiées contre elle, et se moquait
publiquement des remontrances faites par les parlements,
les jetant au feu, sous prétexte qu’elles sentaient
le style de province ; de son côté, Pâris Duverney
inventait de nouveaux impôts, et croyait
pouvoir y soumettre les biens des nobles et de l’Église,
dans un temps ou la noblesse et le clergé pouvaient
encore se défendre. Toute la cour se réunit
pour blâmer le ministère de M. le Duc : c’était le
moment qu’attendait le cardinal de Fleury, qui, de
précepteur de Louis XV, était devenu son guide et
l’unique objet de sa confiance ; il fit exiler le duc de
Bourbon à Chantilly en 1726, et prit lui-même les
rênes de l’État. Le court ministère de M. le Duc a
été marqué par le mariage de Louis XV avec la fille
de Stanislas, roi détrôné de Pologne. Louis XV devait
épouser l’infante d’Espagne, qu’on avait fait venir
à Paris pour l’élever dans les mœurs françaises ;
mais elle n’avait que huit ans, le roi en avait quinze,
et une maladie qui mit ses jours en danger fit sentir
combien il était impolitique de trop attendre pour
lui donner une compagne. On assure que M. le Duc
avait le projet de lui faire épouser sa sœur, mademoiselle
de Vermandois, élevée avec soin dans un couvent loin
de la capitale ; mais que la marquise de Prie, ayant été la voir,
fut effrayée de l’idée de se donner une reine qui avait
trop de vertus pour ne pas la mépriser. Si l’anecdote est vraie,
M. le Duc perdit, par la faute de sa maîtresse, une belle
occasion d’assurer son crédit contre les cabales de
ses ennemis, et la marquise n’y gagna rien, puisque
son rôle politique finit avec la disgrâce de son amant.
Il la supporta avec beaucoup de dignité, et mourut
à Chantilly, le 27 janvier 1740, à l’âge de 48 ans,
aimé et estimé de tous ceux qui étaient admis dans
son intimité. La faiblesse de caractère, qui lui avait
nui lorsqu’il était chargé d’un grand pouvoir, ne
parut plus qu’une qualité aimable dans un prince
réduit à la vie privée. F-E.
BOURBON (Louis-Henri-Joseph duc de),
prince de Condé, ne le 15 août 1756, mort le 27