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« peines du prochain, de regarder tous les hommes comme des frères. Il veut enfin que le 1 chrétien n’attende son salut que de Dieu et de « Jésus-Christ, son Fils unique, notre maître et c notre Sauveur, qui donne la vie éternelle à u ceux qui croient en lui. Tels sont les principes c dont je ne me suis jamais écarté dans ma prédication (I). » Pendant que Zwingli composait ce traité, la diète de Baden ordonna l’arrestation d’un curé de village qui avait prêché la nouvelle doctrine, et le fit transférer dans les prisons de l’évêché de Constance. Le réformateur n’eut pas de peine a voir que les gouvernements des cantons s’opposaient à la propagation de ses opinions. Dans le dessein de les gagner, il leur adressa, en son nom et en celui de neuf de ses amis, un pré cis de sa doctrine et une prière expresse de laiuer libre la prédication de l’Eeangile. u En nous accordant cette liberté, leur disait-il, vous n’avez « rien à craindre. Il y a des signes certains auxquels chacun peut reconnaître les prédicateurs c véritablement évangéliques. Celui qui, négligeant son intérêt personnel, n’épargne ni soins c ni travaux pour faire connaître et réverer la « volonté de Dieu, pour ramener les pécheurs « à la repentance, et donner des consolations « aux atfligés, celui-la est d’accord avec Jésus-Christ. llfais quand vous voyez des docteurs « présenter tous les jours à la vénération du « peuple de nouveaux saints, dont il faut gagner 1 la faveur par des offrandes ; quand ces docteurs vantent sans cesse l’étendue du pouvoir u sacerdotal et la puissance du pape, croyez qu’ils a songent beaucoup plus à leurs richesses qu’au « soin des âmes confiées à leur conduite. Si de « tels hommes vous conseillent d’arrêter la prédication de l’Évangile par des décrets publics, « fermez l’oreille à leurs insinuations, et soyez « sûrs que leur but est d’empêcher qu’on n’attente « à leurs bénéfices et à leurs honneurs z dites « que cette œuvre, si elle vient des hommes, se c détruira d’elle-même ; mais que, si elle vient e de Dieu, en vain toutes les puissances de la a terre se ligueraient contre elle. » Zwingli finissait par demander aux cantons de tolérer le mariage des prêtres, et s’élevait fortement contre les inconvénients du célibat. Il adressa une requète à l’évêque de Constance pour l’engager à se mettre à la tète de la réforme, et à permettre qu’on démolit avec prudence et précaution ce qui avait été bâti avec térnérítd. Cette levée de boucliers souleva contre lui les prêtres et les moines, qui le décrièrent, et le traitèrent en chaire de luthérien, injure la plus forte que l’on connût alors. Le scandale était à son comble. L’évêque de Constance crut bien faire en interdisant toute espèce de dispute jusqu’à ce qu’un concile général

eût prononcé sur les points controversés.

Mais il ne fut obéi ni des uns ni des autres ; et (1) Zuinglií apn., t. I.

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les discussions continuèrent avec autant de violence et d’acharnement qu’auparavant. Zwingli s’imagina qu’il n’y avait pas de meilleur moyen pour y mettre un terme que de se présenter, dans les premiers jours de 1523 (1), devant le grand conseil, et de solliciter un colloque public, où il pût rendre compte de sa doctrine en présence des députés de l’évêque de Constance. Il promit de se rétracter si on lui prouvait qu’il était dans l’erreur ; mais il demanda la protection spéciale du gouvernement, dans le cas où il prouverait que ses adversaires avaient tort. Le grand conseil fit droit à sa demande, et adressa, peu de jours après, une circulaire à tous les ecclésiastiques du canton, pour les convoquer dans

la maison de ville le lendemain de lafête de St-CIu : rlemagne (29 janvier), a /in que chacun ent ! la liberté de désigner publiquement les opinion : qu’il regardait comme hérétiques, et pdt les combattre l’Écongite ù la main. Il se réservait le droit de prononcer définitivement sur ce qui serait dit de part et d’autre, et de proceder contre quiconque refuserait de se soumettre ù sa décision. Aussitôt que cet acte fut devenu public, Zwingli fit paraître soixante-sept articles qui devaient être soumis au colloque : il y en avait de très-raisonnables. Au jour fixé le colloque ouvrit ses séances. L’évêque de Constance y était représenté par Jean Faber, son grand vicaire, et par d’autres théologiens ; le clergé du canton avait à sa tète Zwingli et ses amis. Il y avait en tout près de six cents personnes. Le bourgmestre de Zurich exposa le but de la convocation, et exhorta les assistants à manifester leurs sentiments sans crainte. Le chevalier d’Anweil, intendant de l’évêque, Faber et Zwingli prirent successivement la parole. Celuici demanda instamment qu’on le convainqult d’hérésie. s’il en était coupable, en se servant toutefois de la seule autorité de l’Écriture. Le grand vicaire éluda la question, mais insensiblement et par son indiscrétion la dispute s’entama. Zwing i, qui s’exprimait avec beaucoup d’éloquence et de facilité, le poussa vivement ; Faber s’aperçut qu’on l’écoutait avec défaveur et refusa de poursuivre. Alors la séance fut levée, et le conseil ordonna (lue Zwingli n’ayant éta’ ni convaincu d’lr¿r¿: ie, ni réfutd, continuerait ù prícher l’Evángí1e connu il l’urait fait, que les pasteur : da Zurich et de son territoire se borneraient à appuyer leur prédication sur l’Ecrt’ture sainte, et que des deu.: côté : on nl ! à s’abonnir de toute injure personnelle. Cette dé«cision de l’autorité civile en matière de religion irrita les catholiques, qui îetèrent les hauts cris ; mais elle assura le triomp e de la réforme, qui, des ce moment, ne cessa de se fortifier de jour en jour par les écrits (2) et les discours de Zwin(ll Vers la même époque. le pape Arlrien TI lui mlras›a un bref très›flattenr pour l’engager l maintenir les privilèges du sai :-t*: iége.

121 ll publia le procès-verbal de la conférence et la défense des soixante-sept articles nous le titre de Ar :/males.