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ZOROBABEL, chef du peuple juif. Tous les auteurs sacrés s’accordent à dire qu’il était fils de Salathiel. La seule difficulté qui se présente vient du premier livre des Chroniques, où sa généalogie est ainsi décrite : c Les fils de Jéchonias furent Asir. Salathiel, Melchiram, Phadaïa, I Senneser, Jérémia, Sama et Nadabia. Les fils ii de Phadaïa sont Zorobabel et Semeï. » Parmi les interprètes qui ont cherché a rendre raison de la différence qui se trouve entre le livre des Chroniques et les autres endroits de l’Écriture où Zorobabel est constamment appelé fils de Salathiel, les uns ont dit qu’il n’était que le fils adop. tif ou de Phadaïa ou de Salathiel, comme si jamais de telles adoptions avaient été un titre pour trouver place dans les généalogies sacrées. D’autres prétendent que, par ces mots : /ils du Salclhíel. il faut entendre : petit-/ils de Salatlaiel et fils de Phadaïa ; mais le motfila. dans la généalogie de Jésus-Christ, rapportée par St-Matthieu, étant pris partout dans la plus stricte signification pour désigner une g nération immédiate, on ne voit pas pourquoi l’évangéliste se serait écarté de cette règle pour le seul Zorobabel. Les versions syriaque et arabe portent Nadabia, au lieu de Phadaïa, ce qui prouve qu’au temps où elles ont été faites, les exemplaires hébreux n’étaient pas uniformes en ce point. Peut-être qu’autrefois on lisait Snlatltiel et que les noms de Phadaïa et de Nadabia sont l’œuvre de quelque scribe négligent, trompé par la ligne supérieure, où ces noms se trouvent écrits. Il est encore plus vraisemblable qu’il faut retrancher le nom de Phadaïa et mettre à la tète du verset 18 : lu fils de Salatlticl furent Melcltíram.... Zo»-obabel... : de sorte que Jéchonias rfaura pour fils qu’Asir et Salathiel, et que hlelchiram et les suivants seront les fils de Salathiel, ainsi que Zorobabel et Semeï. La substitution que nous faisons est d’autant plus naturelle que ces mots : les fils de furent, étant souvent répétés dans ce chapitre, on conçoit aisément comment ils auront pu être omis une fois. Cette manière de concilier es auteurs sacrés paraît plus simple que de supposer deux Zorobabeln, tandis que tout concourt à prouver que le livre des Chroniques parle du même dont il est question dans les endroits parallèles. Lorsque Cyrus eut rendu la liberté aux Juifs, Zorobabel se mit à la tète de ceux qui habitaient la province de Babylone pour les ramener en Judée. Dans le septième mois, après être repartis de la Chaldée, le grand prêtre Jésus ayant formé le dessein de rétablir le culte public, Zorobabel seconde son zèle et l’aida à dresser un autel pour offrir des sacrifices au Seigneur. Dès la seconde année, il commença à assembler des matériaux pour rebâtir le temple. Mais a peine les fondements sortaient-ils de terre que les Sa-


mari tains. dont on avait refusé les Offres lilipectes, firent tant par leurs intrigues auprès des ministres d’Artaxercèsqu’ils vinrent à bout d’arrêter l’ouvrage, Ce ne fut que plusieurs années après que Zorobabel, excité par les prophètes Aggée et Zacharie, encouragea le peuple, qui se porta à continuer la maison du Seigneur avec plus d’ardeur que la première fois. Darius ayant accordé sa protection aux Juifs. l’ouvrage ne fut plus interrompu ; Zorobabel eut la consolation de le voir achever et d’assister à la dédicace du temple, qui fut faite quatre ans après qu’on eut recommencé à y travailler. Quoique Zorobabel, issu du sang royal de Juda. eût tous les droits que la naissance pouvait lui donner pour se mettre à la tète de sa nation, ce ne fut point de lui-même qu’il entreprit de la conduire et de la gouverner. Dieu, qui l’appelle son serviteur et qui avait veillé sur lui au milieu des révolutions dont la Perse fut agitée après la mort de Cambyse, la choisit pour’ être l’instrument de la délivrance de son peuple et du rétablissement de l’état civil et religieux des Juifs. Dieu ne s’était pas borné à donner l’approbation la plus authentique à l’entreprise de Zorobabel, il avait encore annoncé dans une vision de Zacharie la facilité avec Iaquelle elle serait exécutée. Ce prophète vit en songe un chandelier d’or à sept branches, portant chacune une lampe, qui communiquait par autant de tuyaux avec un réservoir pacé au-dessus d’elles, pour leur fournir continuellement de l’huile, qu’i recevait de deux oliviers lantés l’un à la droite, l’autre à la gauche du cfiandelier. Ces lampes, qui s’entretenaient d’elles mêmes, sans qu’on fût obligé d’en renouveler I’huile. désignaient l’état futur des Juifs, qui devait reprendre son antique splendeur sous Zorobabel, sans autre secours que celui du Seigneur. Samarie est ici représentée sous fimîige d’une montagne orgueilleuse, qui s’aplanit evant le fils de Salathiel, et les anges qui le dirigeaient dans tous ses projets, sous celle des sept yeux du Seigneur, attentifs à examiner ce qui se passe dans le pays. Cette métaphore est tirée dtr gouvernement de Perse, où sept ministres principaux, qu’on appelait les yeux du roi, étaient chargés de veiller sur tout ce qui arrivait dans le royaume. Zorobabel paraît lui-même, le niveau à la main, traçant le plan de la maison de Dieu et relevant les espérances de ceux qui, témoins de l’éclat dont avait brillé le premier temple, s’affligeaient des faibles commencements du second. Zorobabel eut sept enfants mâles z llosellam. Hananias (que l’on croit être le même que l’/lbiud placé dans la Généalogie de Jésus-Christ, par St-Matthieu, et ne le isa, dans celle de St-Luc), Hasaban, Ohgl, Barachie, Hasadias, Josabhesed, et une fille nommée Salomith. Nous

pouvons juger de la vénération qu’ont toujours eue les Juifs pour la mémoire de ce grand homme par l’éloge qu’eu fait l’auteur du livre de l’Bccl6-

  1. Lugd. Bat., 1826 ; A. Hœlty Zoroastre et son époque (en allemand), Lunebourg, 1836 ; J. Menant, Zaroastre, essai sur la philosophie religieuse des Perses, 1846. B-n-t.