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savants sur le Zend, et invita les amis des sciences à se cotiser pour faire venir d’orient les matériaux nécessaires à une édition et une version de ce genre. Mais Hyde, en dépit de l’érudition qu’il affecte dans les langues anciennes de la Perse, ne connaissait ni le pehlvi ni le zend, et s’attendait à trouver dans l’Asie quelques traductions en langue moderne de ces livres inintelligibles pour lui. Ce qu’avait rêvé Hyde, et ce qu’il aurait été incapable d’accomplir, de quelque manière que ce fût, l’immortel Anquetil-Duperron, encore jeune, ou plutôt à peine arrivé à la jeunesse, osa l’entreprendre. Parti soldat et le sac sur le dos, il alla étudier dans les Indes les langues zende, pehlvi, parsie et sanscrite ; y traduisit sur une foule d’exemplaires collationnés avec soin tous les fragments réunis par les Guèbres dans le Zend-Avesta, et revint, au bout de huit ans, riche de cent quatre-vingts manuscrits, qu’il donna presque tous à la bibliothèque de Paris. Peu après, parut le résultat de ses travaux, sous le titre de Zend-Avesta, ouvrage de Zoroastre, contenant les idées théologiques, etc., Paris, 1771, 2 vol. en 3 tomes. Le Zend-Avesta se partage en deux grandes sections, savoir : 1° les livres zends, ainsi nommés de la langue dans laquelle ils sont écrits ; 2° le Boundehech, ouvrage pehlvi, qui vient immédiatement après les livres zends dans l’estime des Perses, et qui est à la fois une cosmogonie et une espèce d’encyclopédie scientifique, dans laquelle se réunissent des notions sur la religion et le culte, l’astronomie, l’agriculture, la vie civile, etc. Les livres zends sont tous canoniques. Nous avons touché un mot du Vendidad-Sadé, qui se subdivise en Vendidad (combat contre Ahriman), Izechné (élévation de âme) et Vispered (chef des êtres). Les autres sont les Iechts-Sadés, les Neaechs, les Patets, les Afrins, les Afergans, le Nekah, le Wispered et le Sirouzé, tous fragments en zend, pehlvi ou parsi des nosks détruits par le temps ou la persécution. À la traduction de ces divers morceaux, Anquetíl a joint un Discours préliminaire dans lequel il donne : 1° la relation de son voyage aux Indes orientales ; 2° l’Histoire de la retraite des Parses dans l’Inde, et des principaux événements qui concernent ce peuple jusqu’en 1760 ; 3° des détails relatifs aux différentes exemplaires des livres zends, à ces livres eux-mêmes et à l’ordre dans lequel il les a distribués. Ce discours avec un Appendice sur les poids et monnaies de l’Inde, sur des objets d’histoire naturelle ou de commerce, enfin sur les manuscrits qu’il a rapportés de son voyage, remplit la première partie du premier volume. La seconde commence par une notice détaillée des manuscrits déposés à la bibliothèque de Paris, un sommaire universel et une vie de Zoroastre. On peut y joindre les articles du même auteur dans le Journal des savants, et deux mémoires dans le Recueil de l’académie des inscriptions et belles-lettres, t. 31, p. 339-442, et t. 34,


p. 376-415. Kleuker a traduit le Zend en allemand, Riga, 1766, 3 vol. in-4o, et y a joínt, sous le titre d’Appendice (Anhang zum Zend-Avesta), 1er vol. en 2 tomes, 1781, 2 vol. en 3 tomes, 1789, in-12 les divers morceaux d’Anquetil, les mémoires de Foucher et ses propres réflexions. Cet appendice est de la plus haute importance, surtout dans la partie intitulée Persica, où l’auteur traite des institutions politiques et religieuses de l’lran. Outre tous ces ouvrages et ceux que nous avons cités dans le courant de cet article, on peut consulter Zoroastre, Confucius et Mahomet, considérés comme sectaires, législateurs et moralistes, avec le tableau de leurs dogmes, de leurs lois et de leur morale, Par M. Pastoret, ouvrage qui a remporté le prix à l’académie des inscriptions et belles-lettres en 1786 ; 2° édition, 1787, in-8o ; et l’excellente traduction française que M. Guigniaut a donnée de l’histoire des Religions de l’antiquité, de Creuzer. On trouvera beaucoup de détails curieux dans les notes qui forment la seconde partie du 1er volume (1[1]). P-ot.

  1. (1) Dans le cours de ces dernières année de très-importants travaux ont été mis au jour sur les livres de Zoroastre. L’Allemagne et l’Angleterre surtout ont rivalisé de zèle et d’érudition à cet égard. Le Vendidad a été publié d’après les manuscrits du Paris., avec une traduction latine et les variantes, par Jules Œlhausen, Hambourg, 1829, in-4o. Une traduction allemande de l’Avesta, faite d’après le texte original par le docteur F. Spiegel, a paru à Leipsick, de 1862 à 1863, en 3 volumes in-8o. Citons aussi Zend-Avesta édited and interpreted, by N. L. Westergaard, Copenhague, 1852, in-4o, et le Zendaschla, texte original, avec une triple version (française, polonaise et allemande), entreprise par M. Ignace Petraszewski. Le Zend-Avesta a également été l’objet d’un travail, en allemand, de M. G. F. Fechtner, Leípsick. 1848-1651, 3 vol. in-8o. Eugène Burnout avait entrepris la publication du Vendidad-Sadé, avec un commentaire, une traduction nouvelle et un mémoire sur la langue zende considérée dans un rapport avec la sanscrit et les anciens idiomes de l’Europe ; cet important travail, que recommande le nom de l’illustre indianiste qui s’en était courageusement chargé, a paru de 1829 à 1843 ; il a été tiré à cent exemplaires. Burnouf a également mis au jour, en 1833 et 1836, en deux parties, le premier volume d’une édition (restée inachevée) du Yaçna, texte zend, avec les variantes de quatre manuscrits de la bibliothèque de Paris et la version sanscrite inédite de Nériosengh. Une continuation du commentaire de Burnouf sur le Yaçna, formée d’articles insérés dans le Journal asiatique de 1840 à 1850, a été réunie en 1 volume in-8o (Paris, imprimerie royale) sous le titre d’Études sur la langue et sur le textes zends. M. Jules Thonnelier a, de son côté, entrepris, en 1856, une reproduction autographiée, d’après les manuscrits zend-pehlvis de la bibliothèque de Paris, du Vendidad-Sadé, traduit en langue huzvaresch ou pehlvie. La bibliothèque de Paris possède un exemplaire d’une édition très-rare, autographiée à Bombay, du Vendidad-Sadé, texte zend, avec titre persan et commentaire guzarati de la première partie des livres des Parsis, par les soins de Manakeiis Cursetji. M. Herman Brockhaus a fait paraître, à Leipsick, en 1860, grand in-4o, l’Yaçna, le Vispered et le Vendidad, d’aprés les éditions lithographiées de Paris et de Bombay, avec un index et un glossaire. En 1842, un Guèbre, du nom d’Aspandiarij, avait mit au jour, à Bombay, l’Yaçna, en zend, mais en caractères guzaratca, avec une traduction guzarate, une paraphrase et un commentaire. Ceci nous rappelle un autre ouvrage en gazarate, qui a été publié à Bombay en 1869, et dont le titre peut se traduire par : Essai sur les livres religieux de Zoroastre, la langue dans laquelle ils sont écrits et leur antiquité, par Sohrabji Shapourji. Ce qui manque encore à la France, c’est une traduction complète et fidèle des livres zends. Le travail d’Anquetil ne répond nullement aux vœux de la critique moderne ; il a été fait d’après une version persane, où le texte et les commentaires sont confondus. M. Lanjuinah a écrit une analyse du Zend-Avesta, concise et claire, mais qui aujourd’hui est fort incomplète. On peut aussi consulter l’ouvrage de J.-A. Vullers : Fragments sur la religion de Zoroastre (en allemand), Bonn, 1831. Silvestre de Sacy lui a consacré deux articles dans le Journal des savants, (1832), et le Dictionnaire des sciences philosophiques, article Perses (Religion des). indiquons aussi T.-P. Blasma, De Zoroastris quíbusdam placitis cum doctrina christiania comparatis,