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sur certains points, ailleurs les faire couler dans des lits nouveaux, prévenir les ravages que des torrents impétueux font redouter, dessécher de vastes plaines marécageuses en procurant de l’écoulement à leurs eaux, veiller à la conservation d’une immense quantité de lagunes, fortifications naturelles de la dominante ou métropole, tenir continuellement navigables les canaux qui sont ses moyens de commerce et de prospérité, prévenir les atterrissements des ports. défendre intérieur des lagunes contre les efforts d’une mer violente, etc. ; enfin, se tenir toujours en garde contre d’imminents dangers sans cesse menaçants : tel est l’aperçu des principales obligations imposées à un premier *ingénieur des États vénitiens. Zendrini, également familier avec la science de l’ingénieur et avec celle du médecin, voulut s’astreindre dans les applications de la première à la marche sage suivie dans l’exercice de la seconde par les médecins prudents, qui, avant de traiter une maladie par les règles générales de l’art, s’attachent préalablement à bien connaître le tempérament, la constitution individuelle du malade. En conséquence, ses premiers soins, lorsqu’il entra en fonctions, eurent pour objet une exploration attentive et approfondie du système hydraulique vénitien, non-seulement dans l’état où il se trouvait alors, mais encore dans les états successifs où il s’était trouvé aux époques anciennes sur lesquelles on pouvait avoir quelques renseignements certains. Ce zèle de Zendrini, en assurant le succès des projets de travaux qu’il pourrait former, en offrant un grand et bel exemple à suivre aux ingénieurs de tous les pays, eut encore le précieux avantage de procurer au monde savant un ouvrage également curieux et instructif, celui qui a pour titre : Memoríe.ltoriche dello stato antico e moderno delle lagune di Venezia, e di qué fiumi che rutarono divertit per la coiuervazíone delle medeaíme ; di Bernardino Zendrini, matemalieo della républíca di Venezia, Padoue, 1811, 2 vol. in-lv. Cet onvrage, annoncé avec de grands éloges du vivant de l’auteur, n’a été livré à l’impression que soixante-quatre ans après sa mort. par l’abbé Angelo Zendrini, son neveu, savant professeur de mathématiques à Venise. L’auteur de cet article, ayant eu le manuscrit en communication, pendant un des séjours qu’il a faits dans les États vénitiens, s’empressa de témoigner à l’éditeur combien la publication lui en paraissait désirable. Ces mémoires, classés par époques, comprennent quatre siècles, depuis l’an 1300 jusqu’à an 1700. Les documents antérieurs au 14’ siècle n’offrent que des traditions vagues et incertaines ; d’ailleurs les limites resserrées dans lesquelles le territoire vénitien se trouvait circonscrit avant cette époque rendaient les travaux hydrauliques peu importants. Zendrini cite cependant dans son premier chapitre une lettre très-remarquable de Cassiodore, sénateur et préfet du prétoire sous Théodoríc, qui donne une idée assez exacte de l’état de Venise à la fin du 5’ et au commencement du 6e siècle. On trouve cette lettre dans l’excellent ouvrage du comte Daru, Histoire de la république de Venise, édition de 1822, t. 1, p. 33. Le premier volume des Mémoires historiques sur les lagune : comprend les 1li’, 15’ et 16e siècles ; la moitié, environ. du deuxième volume est consacrée au 17e siècle, et le surplus de ce volume contient diverses pièces originales des ingénieurs qui ont présenté des vues et des projets relatifs au système hydraulique vénitien. L’intelligence de la partie descriptive est rendue on ne peut pas plus facile par une collection de trente-sept planches, contenant les cartes, plans, nivellements. etc.. des localités sur lesquelles on a exécuté ou projeté des travaux. On remarque, en tète des pièces originales qui terminent le second volume, quatre mémoires du célèbre Fra Zimnne Giocondo (Jean Joconde) (voy. Gioconnol. La réputation de Zendrini s’étendant au loin, la cour de Vienne, dans une circonstance qui lui rendait nécessaires les talents d’un habile ingénieur, eut recours (1728) au mathématicien de Venise, et l’empereur Charles VI fut si content de lui, qu’il tenta, par cles otïres très-séduisantes, de le retenir dans ses États. Ces offres ne purent déterminer Zendrini à abandonner sa patrie, mais il resta en bonne intelligence avec la cour de Vienne, pour laquelle il eut encore occasion de travailler en 1742. Dans l’intervalle de 1728 à 1742, Zendrini fit hors des États vénitiens un autre emploi bien utile de sa science tant en hydraulique qu’en médecine. Depuis longtemps la république de Lucques cherchait les moyens d’améliorer son port de Viareggio, et d’assainir les contrées environnantes. dont l’atmosphère était viciée par des marais. Quoique d’habiles ingénieurs eussent déjà été consultés, on n’en jugea pas moins nécessaire de demander au gouvernement vénitien que Zendrini se transportât sur les lieux ; ce qu’il fit en 1735. Les résultats de ses examens sont consignés dans un mémoire qu’il a rendu public sous ce titre : Relazione elie concerne il miglioramenlo dell’ aria di Viareggio, e la rÿorna di, quel porto, con una appendice íntarno agli effeti delle machie per rapporte all’ alterazioiii dell’ aria. On trouve dans ce mémoire quelques considérations sur le rehaussement de niveau attribué a la mer, et sur certaines relations supposées existantes entre le courant littoral et le llux et le reflux, telles que l’un de ces phénomènes serait très-apparent, lorsque l’autre serait insensible, et réciproquement. Du reste, l’exécution de ses plans eut de bons effets pour l’amélioration du port de Viareggio et Vassainissement des pays adjacents ; malheureusement ces mêmes pays, par des causes dont il serait trop long de donner le détail, se retrouvent aujourd’hui dans un fâcheux état d’insalubrité. La ville de Ravenne