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Paris. Pendant que le jeune Polonais était recteur de l’académie de Padoue, il mit en ordre les règlements de cette école, qu’il publia sous ce titre : De constitutionibus et immunitatibus almœ Universitatis Patavinœ libri 4, Padoue, 1564, in-4°. Il publia dans le même temps un autre ouvrage sous ce titre : De perfecto senatore syntagma. Étant revenu en Pologne, il fut présenté à Sigismond-Auguste, qui après plusieurs entretiens le confia au vice-chancelier, afin que sous la direction de celui-ci il s’instruisit dans le maniement des affaires publiques. Bientôt Zamoyski eut une occupation. pénible à la vérité. mais précieuse par les lumières qu’il y puisa. L’historien Cromer avait mis en ordre les archives de la couronne, mais aussitôt après son départ elles étaient retombées dans le plus grand désordre. ÿigismond chargea Zamoyski de la rétablir. Le jeune savant passa près de trois ans enseveli dans ces vieux documents, occupé de les déchiffrer et de les classer, et il en fit un catalogue pour son propre usage. Il recueillit en même temps des notes qui lui devinrent extrêmement utiles quand il fut chargé de la direction des affaires publiques. Pour lui témoigner sa satisfaction, le roi lui donna un de ses domaines, mais des malheurs domestiques vinrent afllíger Zamoyski. Il avait épousé une fille de Jérôme Ossolinski. et par cette union il avait réuni deux maisons puissantes. Il perditen peu de jours son épouse et son propre père. et vint touten pleurs annoncer au roi ces funestes nouvelles. Le monarque, plein de bonté. essuya de ses mains les larmes de Zamoyski, en lui disant : « Dès ce « moment je suis votre père ; accoutumez-vous « a me regarder comme tel ; je vous confère la « staroste de Bielsk, que votre père possédait. a Peu après le nouveau staroste eut le malheur de perdre ce second père ; et l’on dut procédera l’élection d’un autre roi. Le primat convoqua à Varsovie une diète générale (1573). et l’ordre équestre. voulant balancer l’influence du sénat, reconnut Zamoyski pour son chef. Les deux principaux prétendants étaient Henri, duc d’Anjou, et l’empereur Maximilien. Le prince suédois Sigismond, né d’une sœur de Sigismond-Auguste, aurait pu se mettre sur les rangs, car il régna depuis sous le nom de Sigismond III, mais il était trop jeune. Le czar de Moscovie, Iwan IV, désirait aussi qu’on lui conférât la couronne de Pologne, mais il aurait cru s’abaisser par des sollicitations ; il se contents de faire représenter aux Polonais que. sa nomination les intéressant plus que lui-même, il leur conseillait d’envoyer des ambassadeurs qui vinssent lui offrir le trône vacant et le prier de l’accepter. Zamoyski, qui d’abord penchait de ce côté, fut révolté de tant de fierté ; et, comme il n’aimait point la maison d’Autríche, il se déclara pour le duc d’Anjou : u Si nous choisissons Maximilien ou un de ses « fils, dit-il aux électeurs, vous verrez que la ZAM

« Pologne sera entraînée à faire la guerre aux « Turcs. Considérez avec quel orgueil ces princes « autrichiens, étrangers à notre langue et à nos « mœurs, se conduisent envers la noblesse allemande, et jugez d’après cela de quelle manière ils nous traiteraient. nous gentilshommes. « libres Polonais. Rien de tout cela n’est i « craindre si nous choisissons le duc d’Anjou. 1 La France vit en paix avec la Porte, et nos —1 frontières seront en sûreté contre l’orient. il Vous connaissez les mœurs françaises : elles « sont douces, polies, autant que les habitudes « des Allemands sont dures et grossières. › La majorité du sénat était pour Maximilien, mais l’ordre équestre se déclara pour Henri, et ce prince fut proclamé roi de Pologne. On eut ensuite à rédiger les Pacm convenu. c’est-ia-dire qu’il fallut prescrire au nouveau roi ses obligations. Zamoyski se souvint que parmi les documents des archives royales il avait lu les Pana convenu : conclus entre la nation polonaise et Louis, roi de Hongrie, lorsque ce prince fut choisi roi de Pologne ; on en rédigea de pareils. et ils furent agréés et signés par les envoyés de France. Zamoyski, mis à la tète des députés qui allèrent présenter au prince français le trône de Pologne, fut chargé de porter la parole au nom de l’ambassade. Le discours qu’il prononça en présence de Charles IX et de la cour de France est remarquable par l’élévation. la justesse des pensées et l’élégance du style. On observa surtout qu’ayant à parler des autres candidats, l’orateur sut relever Henri, sans rien dire qui pût blesser ses rivaux. Ce discours fut imprimé aussitôt, et la traduction- française, par Louis Leroy, fut publiée à Paris l’année suivante. Nous avons sous les yeux l’édition de Rome. sóus ce titre : Oratío qua Henricum I/nlesium reyem reunziaviz Poloniœ, Rome, 1574, in-4°. Le nouveau roi nomma Zamoyski son chambellan, et il lui donna la staroste de Knyszyn en Podlaquie. Le couronnement, qui eut lieu à Cracovie, causa une vive agitation. Pendant l’interrègne, les dissidents, voulant assurer la liberté de leur culte, avaient rédigé des Pacm eomxnm particuliers que les envoyés de France avaient signés. Ils les présentèrent au roi avant son couronnement ; mais ce prince, de l’avis du sénat, refusa de les confirmer ; les dissidents se plaignirent hautement dans l’église, et il en résulta un tumulte scandaleux. Le parti de l’Autriche s’étant joint à eux, on allait en venir aux mains. Zamoyski se rangea du côté de ceux qui pensaient que le roi devait d’abord être couronné. et qu’ensuite il reconnaîtrait les Puma. Son avis prévalut ; mais il lui fit perdre un peu de son crédit auprès de l’ordre équestre. Des difficultés très-graves se présentèrent lorsque Henri se fut éloigné de la Pologne. Les princes d’Autriche se mirent de nouveau sur les rangs. Zamoyski et l’ordre équestre, ne sachant comment les écarter, je-