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d’Aggée ; la seconde, de la même année, le vingt-quatrième jour du onzième mois ; et la dernière porte pour date la quatrième année du même règne, le quatrième jour du neuvième mois. Toute cette prophétie peut se réduire à trois points principaux. Le premier renferme les événements qui se passèrent en Judée et dans les États voisins depuis le retour de Babylone jusqu’à la venue du Messie, tels que la restauration du culte religieux par le zèle du grand prêtre Jésus, le rétablissement du temple et de la ville de Jérusalem sous Zorobabel, res victoires des Machabées et la prospérité de la nation, au temps de ces illustres guerriers ; enfin la ruine de Babylone et la destinée des grands empires qui occupèrent la scène du monde jusqu’à la dispersion des Juifs. Dans la seconde partie, le prophète prend toutes sortes de formes pour peindre le Messie, sa naissance, son règne pacifique, l’ingratitude de son peuple, l’établissement et l’étendue de son Église, composée de tous les peuples de la terre. Cet article est le mieux (développé et le moins énigmatique de sa prophétie. La troisième est toute consacrée à exposer les crimes des Juifs, la prévarication des prêtres, leur injustice envers Jésus-Christ, les horreurs du dernier siége de Jérusalem, la dispersion de ce peuple opiniâtre. Il finit par donner les plus grandes espérances sur le retour futur de cette nation, le rétablissement de Jérusalem, le règne brillant de Jésus-Christ, lorsque les deux peuples réunis n’en feront plus qu’un. La prophétie de Zacharie contient quatorze chapitres ; et quoique celle d’Osée en ait un égal nombre, Zacharie passe pour le plus long des petits prophètes, parce qu’en effet les chapitres d’Osée sont plus courts. Quelques critiques ont prétendu que les chapitres 9, 10, 11 n’étaient pas de ce prophète, parce que le verset 12 du chapitre 11 se trouve cité dans St-Matthieu sous le nom de Jérémie (Matth., chap. 27, v. 9), et que ce chapitre forme un ensemble avec les 9 et 10. Sans entrer dans la discussion des différents systèmes inventés pour concilier cette prétendue contradiction, il suffira d’observer que l’interprète syriaque et le persan de St-Matthieu ne marquent point le nom du prophète d’où l’évangéliste a tiré ce passage ; que plusieurs exemplaires grecs, latins et arabes omettent aussi ce nom ; d’où il est naturel de conclure qu’il n’était point dans l’autographe de St-Matthieu, et que, ayant été écrit à la marge par quelque copiste ignorant, tel qu’il y en avait beaucoup parmi les anciens transcripteurs, il se sera glissé dans le texte de plusieurs exemplaires. Ces sortes d’insertions ne sont pas rares. Ainsi, dans le chapitre 1er de St-Marc, selon la Vulgate, le verset 2 est cité comme d’Isaïe, quoi qu’il soit de Malachie. Cette faute existait déjà du temps de St-Irénée. Elle ne se trouve cependant pas dans le texte grec ; d’où il faut conclure que quelque scribe ayant mis à la marge du verset suivant, qui est réellement d’lsaïe, le nom de ce prophète, ce nom, par mégarde ou par ignorance, aura passé dans e corps du deuxième verset. Il est cependant bon de remarquer que cette faute est très-ancienne, puisqu’elle faisait déjà un sujet de discussion du temps d’origine. Zacharie est le plus fécond et le plus varié des petits prophètes, comme il en est aussi le plus obscur ; ce qui vient de la rapidité avec laquelle il passe d’un sujet à un autre, sans marquer ses fréquentes transitions par aucun signe ; de la forme même de sa prophétie, dont les six premiers chapitres sont presque tous en visions ; de la confusion qui règne dans la manière dont il mêle les événements qui doivent avoir rapport à différentes époques, et de l’ignorance où nous sommes des choses qui arriveront lors de la grande conversion des Juifs, avant la fin du monde ; ce qui remplit une grande partie de sa prophétie. Ou distingue parmi les commentateurs de Zacharie Mélanchthon, Stunica, Osorius, Sanctius, Vitringa et Rosenmüller. Les Grecs, qui confondent ce prophète avec celui qui, selon St-Matthieu, fut tué entre le temple et l’autel, en célèbrent la tète, comme celle d’un martyr, le 8 février. Les Latins lui ont assigné le 6 se tembre. Les musulmans n’en font qu’un seul) personnage avec Zacharie, père de St-Jean-Baptiste. Ils disent que les Juifs, n’ayant pu croire à la naissance miraculeuse de Jésus-Christ, que Zacharie leur avait annoncée, le scièrent dans le tronc d’un arbre, où il s’était caché pour se soustraire à leur fureur.

Consultez : Burger, Études exégétiques et critiques sur le prophète Zacharie, Strasbourg. 1841, in-8°.

T-d.


ZACHARIE, père de St-Jean-Baptiste, était prêtre, du nombre de ceux dont Abia était le chef, et fut époux de Ste-Elisabeth, cousine dela sainte Vierge. Ils vivaient l’un et l’autre dans une exacte observation de la loi ; et parvenus à un âge très-avancé, ils n’avaient pas encore eu d’enfant.s, lorsque l’ange Gabriel apparut à Zacharie, dans le moment où il remplissait ses fonctions au temple, et lui annonça qu’il aurait un fils, auquel il donnerait le nom.de Jean. Comme il refusa d’abord de croire à la parole de l’ange, celui-ci lui déclara que, pour punition de son incrédulité, il allait devenir muet jusqu’à l’accomplissement de la prédiction qui venait de lui être faite de la part de Dieu. Lorsque l’événement prédit se fut réalisé, la langue de Zacharie se délia en effet, et il chanta aussitôt le Sublime cantique : Benedictus Dominus Deus Israël, où il annonce plusieurs circonstances de la venue du Messie. L’enfant nouveau-né fut circoncis le huitième jour, suivant la loi, et on voulut l’appeler Zacharie, comme son père ; mais ce dernier s’y opposa et voulut qu’en le nommât Jean (Voy. Jean-Baptiste). C’est là tout ce que l’Écriture rapporte du père de St-Jean-Baptiste, dont