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YVE

Leibniz a conclu que tout l’ouvrage lui appartient, et qu’il s’est caché sous le nom d’ Allaeus, parce qu’il avait devant les yeux l’exemple de deux astrologues condamnés récemment aux galères. Ce livre est écrit d’une manière bizarre et diffuse, comme tous ceux du même auteur. Yves mourut en 1678, à l’âge de 85 ans, dont il avait passé soixante chez les capucins.

W—s.


YVES D’ÉVREUX, capucin et missionnaire, né à Evreux vers 1570, et mort vers 1630, passa comme missionnaire au Maragnan en 1610. Il en revint deux ans aprés, et il fit imprimer la relation de son voyage sous le titre de Suite de l’histoire des choses mémorables advenues au Maragnan pendant les années 1613 et 1614, Paris, 1615, petit in-8°. Ce livre fait suite en effet au livre du P. Claude d’Abbeville imprimé quelques années avant ; il est devenu extrêmement rare, et il est resté longtemps ignoré des bibliographes. On en chercherait vainement la trace dans la Bibliographie des voyages de Boucher de la Richarderie, dans l’Histoire du Brésil par Southey, dans les travaux de Warden sur la bibliographie américaine. On n’en connaît d’autre exemplaire dans les grands dépôts de Paris que celui de la bibliothèque impériale. Il parait d’ailleurs que l’ouvrage fut supprimé peu après son apparition, car une dédicace du sieur de Rosilly à Louis XIII annonce que le livre a disparu « par fraude et impiété, après sa première naissance aussitôt estouffée qu’elle avait veu le jour ». Nl. lierdinand Denis a consacré dans la ltccue de Paris août 183 ?i, une curieuse notice fr cet <· ingénieux observateur ». Le style naïf du bon missionnaire est plein de charme et de candeur. tves se ll’|tlV( dans les meilleures situations pour observer les mœurs des sauvaëcs ; il vécut deux ans parmi eux, il reçut leur hospitalité, il retrace avec une fidélité saisissante. avec des détails qu’on clverclierait vainement ailleurs, les habitudes bizarres, les usages singuliers, les pompes étranges qui frappaient les liuropécnsz il se laisse aller il de douces admirations qu’il exprime par des comparaisons ingénieuses. lnclulgeiit pour les lndiv-ns qu’il aime, il trace-de leur vie sociale des talvlcanv emprcinls d’une, «sme·¥u-ic-it·. Comme le P. du Tertre qu’il précéde de quelques années, il se plaît aux vues d’intérieur, aux détails de la vie privée de ses chers catéchumènes. Quelques ann®s après son retour d’Amérique, le P. Yves se liv rait à la controverse avec les minisl¤’¤’ë protestants, et il faisait imprimer à ltouen en ltilti till Sypplùnent rrercasaire vi l’c.reripl que, le mpurin [rex ]}}’l :(]fCllfL’ !ll’ai Sl-Eloy u /’ai1impr :’mer, touchant lm roifireurcs cuirc lui NJ. JI. l)¢·lm1gI¢·, ministre ai Oum-i]ly [, ’impriln’eur.lcoll’l’<>y, ilyllllt mis sous presse ce livre sans avoir une permission préalable, fut, pararrét du parlement. condamné, le 8 avril 1620, ir cinquante livres vl’anicnde. N’oublions pas d’ajouter qu’en lütll une rennpression fort soignée de llllisioim n-I«nic«· nu

YVO 307


Mamgnaoi, accompagnée d’une introduction intéressante, a été publiée à Paris pour faire partie d’un recueil il ouvrages relatifs à l’Amér-ique et devenus introuvables. ’ B—N-r.


YVON (Pierre), l’t.m des disciples de Labadie (my. ce nom ), était né, vers IMO, à Montauban. Il connut ce visionnaire dans le temps qu’il exerçait en cette ville le ministère évangélique. Ayant embrassé ses erreurs, il le rejoignit en Hollande, et partagea tous les dangers auxquels l’exposa sa manie de prosélytisme. Après la mort de Labadie (HBH), Yvon lui succéda sans obstacle dans la direction d’une secte peu nombreuse, et qui ne pouvait pas recevoir un grand accroissement, En 1678, il s’établit, avec ses partisans, à Wiewert, dans la Frise, sur l’invitation des demoiselles de Sommelsdyck, à qui cette terre appartenait. Elles étaient quatre sœurs. Yvon, dans la suite, en épousa une, et par ce mariage devint seigneur de Wievvert. On ignore la date de sa mort. Parmi ses ouvrages, assez nombreux et dont quelques-uns ont été traduits en hollandais et en allemand, les deux plus connus sont : l° lmpieurs ronvicm Iractalibus Juobus, in quorum priori, eristéritia Dei, ut oumium véritalum prima et cer- ’ tixsima clare smbilitur ; in secumlo, Scriptura rlcfmdilur ab, impio libro Spinosœ, cui titulus : hactatus tlieologico-politicus, Amsterdam, 1681, in-8° [toy. Smxosa} ; 2°* le Jluriage chrétien, sa sainteté et ses devoirs selon les sentiments de lliglise rébirmée, retirée du monde, Amsterdam, ’ 16823, in-l’2.SuivantBayle, les conditions qu’’von impose aux gens rnariésqsont plus difficiles à remplir que celles du célibat (voy. Nouvelle.: de la république des lettres, novembre 168Zi, . ’}’—s.·


YVON l’abbé}, littérateur médiocre, était né, vers 1720, dans la Normandie. Ayant embrassé l’état ecclésiastique, il vint à Paris, où Diderot et d’Alembert l’associai-rent à la rédaction : de lrîiicyclopéilie. Il fournit à la première édition de ce dictionnaire les articles.·lmc, Athée, Dieu, etc.’. dans lesquels on crut retrouver des traces du penchant de l’auteur pour le matérialisme. On le soupçonna d’avoir eu part à la fameuse Thèse de l’abbé de Prades (voy. ce nom), Naigeon, dans ses Jlémoires sur Diderot, appuie les bruits qui, lors de la publication de cette thèse, en signalèrent Yvon comme l’un des rédacteurs ll) ; mais Palissot les dément d’une manière formelle (voy. · tIépgai»·e.s de littérature). Suivant l’auteur de la comédie des l’liilosoph¢·s, qui l’avait connu parti entièrement, l’abbé ’ Yvon était un théologien philosophe, ennemi de’la superstition, mais plein de respect pour cette morale bienfaisance qui tend à rapprocher tous les hommes, et qui est l’essence même de la religion. Obligé, pour se dérober aux persécutions et à la misère, de

(1) Cette fameuse Thin, dit Naigeon, dont l’abbé de Pra les et un certain abbé Yvon. qui nr ram ! pas mieu que lui, n diger. nt toutes les propositions, fut gt nerulenlent attribuée à Didei ol. Ilem Jr.: sur Ils. ? roi’, t. I, p tt).