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obstination l’engagèrent dans une entreprise absurde et dispendieuse qui le conduisit à sa perte. Voulant se venger de la cour de Madrid, qui, disait-il, avait fait signer à son père des traités honteux et funestes à l’empire de Maroc, il manifesta le désir de reprendre Ceuta ; et, malgré l’exactitude de Charles IV à remplir les devoirs d’étiquette, à payer entièrement le blé que le feu roi de Maroc avait fourni à l’Espagne ; malgré ses soins et ses efforts pour prévenir une rupture. il eut à peine le temps de la différer jusqu’à ce que ses consuls et ses missionnaires fussent en sûreté. Leur évasion subite et la perte de trois bâtiments, l’un jeté à la cote, les autres pris par les frégates espagnoles, mirent Yezid en fureur. Déjà il avait livré au supplice le premier ministre de son père, et avait fait clouer sa main droite à un poteau devant la maison consulaire. Il livra depuis cette maison au pillage et fit attacher a la porte la tête du gouverneur de Tanger, qu’il avait tué de sa main comme coupable d’intelligence avec ses ennemis, et celles de deux officiers mis à mort par son ordre sous le même prétexte. Alors il déclara la guerre à l’Espagne, et dès le lendemain, 24 septembre, il ordonna le siége de Ceuta. Le feu commença le 4 octobre ; mais, malgré les renforts que l’armée marocaine recevait journellement. les travaux furent mal conduits, et les hostilités furent encore suspendues par des négociations. Unenvoyé de Maroc arriva à Madrid en janvier 1791. Charles IV restitua les deux bâtiments maures et obtint la délivrance de ses consuls de Mogador, de Larasch, et de quelques missionnaires que le roi de Maroc retenait dans les fers. Les prétentions du monarque africain, qui s’opiniâtrait à demander la restitution de Ceuta, de Melilla, de Peñon-de-Velez et d’Alhucemas, ses tentatives contre ces places et sa mauvaise foi, déterminèrent le roi d’Espagne à lui déclarer la guerre, le 19 août. Le siége de Ceuta recommença le même jour, mais avec aussi peu de succès pour les Maures. Cependant l’empire était près d’échapper à Muley-Yezid : des révoltes éclataient sur plusieurs points dans les provinces méridionales. Muley Abd-el-rahman avait été proclamé roi à Tarudan. Ces mouvements obligèrent le monarque à s’éloigner de Ceuta avec la plus grande partie de son armée, le 18 septembre, et à demander une trêve ; mais, informé que l’inconduite et les exactions de son compétiteur avaient affaibli son parti, et se croyant sur de triompher de tous les obstacles, il fit égorger quatre prisonniers espagnols, dont il envoya les pieds et les têtes dans les places maritimes, et il reparut devant Ceuta vers le milieu d’octobre. Cependant un rival plus redoutable, Muley Hachem, se révolte à Maroc et fait soulever les provinces méridionales. Yezid se détermine enfin, le 7 novembre, à renoncer entièrement à son entreprise contre Ceuta ; il décampe, eten-YHI 259

voie un Italien pour négocier avec la cour de Madrid. La mort de Yezid empêcha la conclusion du traité, mais la guerre avec l’Espagne fut terminée. Ce prince, ayant marché contre son frère, fut blesse mortellement dans une bataille, à la fin de l’année 1791, et périt des suites de ses blessures, après un règne d’environ vingt mois. Celui de Muley Hachem ne fit que passer. Plusieurs de ses frères prirent les armes contre lui, et Sidi Soléiman, le plus habile et le plus estimable de tous, ayant triomphé de ses compétiteurs, monta en 1792 sur le trône de Maroc. A-r.


YGLÉSIAS (Don Josavu ne), poëte espagnol. né à Salamanque en 1753, lit ses études à l’université de cette ville et se livra dès lors à son goût pour la poésie. Ses premiers essais furent des pièces de vers d’un genre libre, et dont le ton contrastait singulièrement avec la figure rébarbative de l’auteur, peut-être encore davantage avec l’état ecclésiastique qu’il embrassa plus tard. Mais, dès n’il fut entré dans les ordres, sans renoncer à (faire des vers, Yglésias ne traita plus que des sujets graves et sévères, genre auquel ll paraît que la nature ne l’avait pas destiné, puisque ses premières compositions sont de beaucoup supérieures aux dernières. Ami et quelquefois rival de Mélendez, il lutta contre ce célèbre poëte (voy. Mišuanmzz), en composant la Fleur du Zurgum et la Rose d’avril. Yglésias mourut à Salamanque en 1791. M. Maury lui a consacré une notice dans son Enpagne poétique, Paris, 1827, 2 vol. in-8° ; et il a donné dans le même ouvrage la traduction en vers français de quel nes-unes de ses ésies. Z.


YQHIANG, célèbrepzgtronome chinois, vivait dans la première moitié du 8e siècle de notre ère. Son nom de famille était Tchang ; il descendait des princes de Thang. S’étant fait bonze, il vécut dans la retraite à la montagne Soung chan, dans le Ho nan. En 721, une éclipse, calculée selon la méthode alors reçue par les astronomes dela cour, n’arriva pas au temps qu’ils avaient déterminé. L’empereur fit venir Y hiang, qui passait pour très-habile en astronomie, et le chargea de la réforme du calendrier et de la confection d’une sphère mobile. Y hiang exécuta ces ordres à la satisfaction du prince, et prit toutes les mesures pour s’assurer d’une bonne méthode, qu’il appliqua ensuite aux figures et aux nombres du livre Y king, qui est le premier classique des Chinois et qui contient les célèbres Koua, ou programmer et trepagrammer de Fou hi. C’est sur ces figures et ces nombres que s’appuie en Chine tout ce qui a rapport aux mathématiques et à~ la philosophie ; il ne faut donc pas être étonné que Y hiang s’en servit pour l’explication des théorèmes astronomiques. Il choisit le principal koua de l’Y king, nommé la yan, pour le mettre à la tête de son ouvrage, qui, pour cette raison, ’est connu sous le titre de l’Amonomie de Ta yan. Y hiang, voulant déterminer d’une ma-