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vit rompre ses fers l’an 101 (720), peu de jours avant la mort d’Omar Ii, soit par adresse ou par hasard, soit par un bienfait de ce vertueux ca ife qui voulut le dérober à la haine de son successeur présomptif, Yezídll (cay. ce nom). En effet, aussitôt que celui-ci eut pris possession du califat, il donna ordre aux gouverneurs de Koufah, de Bassora et du Khoraçan d’arrêter Yezid Ibn Mahleb et tous ses parents. Moins inquiet de forage qui le menaçait que du sort de trois de ses frères incarcérés à Bassora, Yezid réclama leur liberté, remettant de se retirer avec eux dans un désert, lbin des affaires du monde. N’ayant point reçu de réponse. il marche sur Bassora, défait, avec les gens seuls de sa maison, un corps de troupes réglées, entre dans la ville aux acclamations des habitants, s’empare du château, délivre ses frères et fait prisonnier le gouverneur. Mais dans le même temps deux de ses fils furent arrêtés à Koufah, et moururent dans les fers. Yezid n’ayant plus rien à ménager, se déclara souverain à Bassora, et fut reconnu comme tel par les peuples de l’Ahwaz, du Farsístan, du Kerman et de tous les pays jusqu’à l’lndus. Il rassembla une nombreuse armée et marcha contre celle que commandait Moslemah, frère du calife. La rencontre eut lieu sur les bords de l’Euphrate, près des ruines de Babylone. La bataille fut terrible. Les troupes de Yezid, d’abord victorieuses, commencèrent à plier. Placé aux premiers rangs, il appelait à grands cris Moslemah et le défiait au combat singulier pour ménager le sang des musulmans. Mais les amis du prince empêchèrent

de se mesurer avec ce vaillant champion. Yezid, voyant que sa cause était perdue sans ressource, se précipita dans les bataillons ennemis, et y trouva une mort glorieuse. Il était âgé d’environ 50 ans. Presque tous ses parents, au nombre de trois cents, furent faits prisonniers et envoyés au calife, qui leur fit trancher la tète. Plusieurs autres avaient péri dans le combat. 1loawyah, que son père Yezid avait laissé à Waset, ayant appris le désastre de sa famille, usa de représailles sur le gouverneur de Bassora. sur son [ils et plusieurs autres officiers du calife, s’empara des trésors de cette ville, et se retira dans le Kerman avec les parents qui lui restaient. Poursuivi par les troupes califales, il (périt dans un dernier combat, sur les frontières el’Indoustan, et tout ce qui existait encore de la famille de Mahleb fut mis à mort ou vendu comme esclave. Ainsi fut anéantie cette race illustre dont le plus grand crime, le seul tort peut-être, fut d’avoir par sa puissance, ses richesses et sa gloire militaire, porté ombrage à la maison des Ommeyades, qui, privée de ces nobles soutiens, marcha dès ce moment à une décadence rapide. A—r.


YEZID (Mul.r : v-ltlonannrsiritlAunr-AL-), empereur de Maroc, de la race des chérifs, et le second des fils de Sidi-Mohammed, naquit vers l’an 1750, et eut pour mère la fille d’un renégat anglais. Il YEZ

donna de bonne heure des soupçons à son père, qui l’obligea d’aller à la Mecque. en 1778. De retour de ce pèlerinage forcé, il éveilla encore la défiance du roi et prit le parti de se retirer à Tunis. Mais le grand âge de Sidi-Mohammed donnant à Muley Yézid l’espérance de monter bientôt sur le trône, quoiqu’il sut bien que l’intention de son père n’était pas de l’y appeler, il revint secrètement dans le royaume, en 1789, et se cacha pendant un an dans un sanctuaire près de Tétuan, sans troupes et sans suite, ne voulant ni faire la guerre au vieux monarque ni lui donner de l’ombrage, mais seulement attendre en sûreté le moment de lui succéder. Sidi-Mohammed eut vainement recours aux négociations, aux promesses, aux menaces pour tirer, Yezid de son asile ; il envoya Muley Hachem, un autre de ses fils, avec un corps de 6,000 hommes pour l’en arracher. Mais la résistance fanatique des gardiens du sanctuaire intimida le jeune prince, qui n’osa pas exécuter les ordres de son père. Sidi-Mohammed chargea un de ses généraux de cerner le sanctuaire et partit pour terminer lui-même cette entreprise. Sa mort dissípa les craintes de Yezid et réalisa ses espérances. Quoiqu’il eût plusieurs frères, qu’il fût le plus pauvre de tous et que son titre d’ainé ne lui donuàt aucun droit au trône, les ministres qui se trouvaient auprès du monarque défunt informèrent Yezid de la mort de ce prince, et le firent proclamer à Rabat et à Salé le même jour, 11 avril 1790. Un des premiers actes de son règne fut de convoquer à Tétuan les consnls des puissances européennes : il les menaça de les chasser et de déclarer la guerre à leurs souverains, excepté à l’Angleterre. Il se radoucit bientôt, et leur fit annoncer qu’il maintiendrait la paix à condition qu’on lui enverrait des ambassadeurs et des présents, en sus du tribut ordinaire ; il partit peu de jours après pour Mekinès, où il reçut le consul de France, auquel il ne fit grâce que du dernier article, dont le gouvernement français était exempt sous le règne du monarque précédent. Yezid d’ailleurs parut vouloir prendre pour modèle son bisaïeul, Muley Ismaël (voy. ce nom), plutôt que son père. Orgueilleux, entèté, cruel et fanatique, il débuta par faire massacrer plusieurs juifs à Tétuan, à Larasch, à Alcassar, par les noirs, qui mirent leurs maisons au pillage. Ceux de Rabat et de Salé furent taxés à de fortes contributions. Ce prince avait pris la couronne sans opposition. Ses frères, qui commandaient à Maroc, à Fez et dans diverses autres provinces, s’étaient soumis à son autorité ; Muley Abd-elrahman, son frère aîné, disgracié depuis longtemps et exilé dans la province de Fez, après lui avoir écrit d’abord une lettre menaçante, avait (ini par le reconnaître pour son souverain. Yezid n’avait qu’à se montrer dans la capitale et dans les parties méridionales de son empire pour affermir sa domination. Son ignorance et son